Il ne faut pas dire qu'un acte froisse la conscience commune parce qu'il est criminel, mais qu'il est criminel parce qu'il froisse la conscience commune.
Emile Durkheim – De la division du travail social
Terrible sociologie… S’il est vrai que rien ne préexiste au groupe social, alors oui, il faut dire qu’un acte est criminel parce qu'il froisse la conscience commune – et non l’inverse.
La justice est à la fois une institution et un sentiment ; mais elle est un sentiment presque avant d’être une institution, et en tout cas on pourrait dire que la conscience commune qui la constitue est plus proche du sentiment que de l’institution.
Je sais… Vous allez me dire que ce n’est pas parce qu’on a toléré pendant des siècles le viol et la pédophilie que ces actes n’étaient pas criminels. Mais qui êtes vous donc pour en juger ? Le Bon Dieu ? La Raison Universelle ? Ne vaudrait-il pas mieux se placer au point de vues des romains, des ostrogoths ou des burgondes ?
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J’ai mieux comme exemple : le téléchargement illégal.
Peut-on dire qu’il froisse la conscience commune ? Ça se saurait. Est-il malgré tout illégal ?
Si la loi le dit, alors, n’est-ce pas… Mais voyez-vous, les difficultés sans nombre que le gouvernement, pourtant appuyé sur une fidèle majorité, rencontre avec sa loi Hadopi me donnent à penser que Durkheim n’a peut-être pas tort.
En tout cas, il est intéressant de pointer que c’est la pénalisation du téléchargement illégal qui fait problème. On admettra peut-être qu’il met en danger certaines industrie ou certains créateurs, et qu’il faut donc quelque chose pour les protéger, ou les dédommager. Mais ce qui ne passe pas, c’est que l’on pose comme un véritable vol ce qui n’est ressenti que comme un acte banal voire même normal par ceux qui le font.
Alors, on contestera que les voleurs n’existent pas ailleurs que dans les récriminations des volés. Mais ici, on a affaire à la conscience commune, ce qui est un peu différent.
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