Gouverner, c'est faire croire.
Machiavel
Merveille des citations… (1) Tout dire en quatre mots, être capable depuis ce lointain 15ème siècle de prédire la société du spectacle, le bling-bling, les discours au 20 heures et les descentes tonitruantes dans les quartiers avec 20 caméras et une forêt de micros…
Gouverner, c'est faire croire. Oui, mais faire croire à quoi ?
Question naïve, que nous devrions rougir d’avoir posée : sa réponse est en effet la suivante : croire à tout ce à quoi nous croyons quand nous apportons notre assentiment à un homme politique.
Et bien sûr, ce n’est pas forcément nocif : la sage décision, la prudente gouvernance, la réforme hardie mais indispensable doit s’accompagner de l’assentiment du peuple et pour cela il vaut mieux lui faire croire que c’est pour son bien plutôt que d’employer la force.
Mais on pourrait aussi dire que si l’on fait le bien du peuple, on ne voit pas pourquoi il faudrait de la rhétorique et du spectacle. Augmentez le SMIC et les retraites, assurez la véritable gratuité des soins, la pérennité du service public, et je vous garantis que les discours et l’argumentation seront tout à fait superflus.
Ce que pense Machiavel, c’est que cet idéal de gouvernance ne tient pas, parce que les hommes sont insatiables – ils n’auront jamais assez – et que les gouvernants le sont aussi à leur manière – ils veulent avec avidité toujours plus de pouvoir et pour plus longtemps. En sorte que le conflit entre gouvernant et gouverné rebondit en permanence, et que l’art politique est en effet un art du semblant, parce que dans l’imagination, tout et permis, même l’avenir radieux.
(1) En vérité je ne suis pas tout à fait sûr que Machiavel ait réellement dit ça: le Net colporte cette phrase en la lui attribuant, mais ça ressemble plutôt à un résumé de sa doctrine qu'à un extrait véritable. Là encore, si quelque a la référence je suis preneur.
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