La bêtise ne franchit jamais les frontières ; là où elle met le pied, se trouve son territoire.
Jaroslaw Iwaszkiewicz – l’été à Nohant (Théâtre)
Qu’on jette un coup d’œil sur l’enquête menée par la Citation du jour sur la bêtise, et on sera vite persuadé qu’elle est perçue comme un vaste territoire, qui s’étend à perte de vue depuis la frontière qui nous sépare d’elle jusqu’aux confins de l’horizon.
Car, vue de la non-bêtise, la frontière existe bien. La non-bêtise réside dans la conscience que la bêtise est d’un autre monde. Mais alors, qu’est-ce qui distingue la bêtise de la non-bêtise ? Ne s’agit-il pas simplement de la perception d’une frontière justement, à savoir que ceux qui sont bêtes sont simplement ceux qui sont de l’autre côté de la frontière (les Belges pour les Français, les Français pour les Anglais, etc.). Moyennant quoi, ce sont toujours les autres qui sont bêtes et jamais soi-même ?
Notre citation nous apporte quand même une idée de plus : là où la bêtise met le pied, se trouve son territoire. La bêtise ne tremble jamais ; elle est toujours sûre de son bon droit (1) ; elle exige même que vous soyez en accord avec elle, parce que, – Z’êtes d’accord avec moi, n’est-ce pas, M’sieur, c’est bien sûr…
Elle est toujours chez elle.
La frontière qui nous sépare de la bêtise n’est donc pas celle de l’opinion qui consisterait à dire : les gens sensés pensent comme moi, les autres sont des crétins.
Cette frontière est celle de l’autocritique, de la vérification, de la confrontation cherchant à valider notre point de vue. C’est donc le retrait et l’examen qui permettent d’éviter la bêtise.
--> Les non-bêtes sont donc des gens qui se demandent si par hasard il ne viendraient pas de dire une bêtise.
(1) J’aurais pu citer cette réplique attribuée à Michel Audiard : « Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît. »
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