Saturday, June 27, 2009

Citation du 28 juin 2009

On m'a rapporté qu'un jour Malraux interrogea un vieux prêtre, pour savoir ce qu'il retenait de toute une vie de confesseur, quelle leçon il tirait de cette longue familiarité avec le secret des âmes... Le vieux prêtre lui répondit : "Je vous dirai deux choses : la première, c'est que les gens sont beaucoup plus malheureux qu'on ne le croit ; la seconde, c'est qu'il n'y a pas de grandes personnes." C'est beau, non ? Le secret, c'est qu'il n'y a pas de secret. Nous sommes ces petits enfants égoïstes et malheureux, pleins de peur et de colère...

Comte-Sponville – L'amour la solitude

Permettez-moi, avec mon commentaire de cette citation de me livrer à un petit jeu de miroir : car la phrase de Comte-Sponville est déjà un commentaire d’une citation de Malraux.

Peut-on commenter un commentaire ? Vouloir décrire le reflet d’un miroir, est-ce autre chose que d’ajouter un reflet supplémentaire ? Et pourquoi un de plus ?

Mais aussi fait-on jamais autre chose ? Je ne sais plus qui disait que tous les philosophes n’ont jamais rien écrit d’autre que des gloses dans les marges des ouvrages de Platon…

Toutefois, on voit dans ce petit texte que Comte-Sponville ne cherche pas à nous donner une explication de la citation de Malraux. Cela, il admet justement que ce n’en est pas la peine, que nous l’avons tous comprise aussi bien que lui. Par contre, ce qu’il veut nous communiquer, c’est la lumière qu’elle allume en lui.

Le secret, c'est qu'il n'y a pas de secret. Il n’y a pas de secret de la confession, car elle ne révèle rien qu’on ne sache déjà.

Maintenant, armés de cette vérité, libre à nous de tracer notre route : soit nous contestons sa conclusion, soit nous la tenons pour une incitation à nous éveiller à la vie adulte. En tout cas nous irons ailleurs que là où il nous a conduit, ailleurs parce qu’il nous plante là : à toi de tailler la route, mon fils.

Mais ce n’est pas toujours sans risque : Deleuze disait : Quand j’ai commencé à commenter Nietzsche, je voulais lui faire un enfant. Mais c’est lui qui m’en a fait un.

Est-ce plus mal ?

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