Monday, June 01, 2009

Citation du 2 juin 2009

La République, c’est un équitable partage entre les enfants de la France du gouvernement de leur pays, en proportion de leurs forces, de leur importance, de leurs mérites, partage possible, praticable, sans exclusion d’aucun d’eux, excepté de ceux qui annoncent qu’ils ne veulent la gouverner que par la révolution.

Thiers

Thiers fait du gouvernement de la République une activité qui, comme n’importe quelle autre, dépend des compétences et du talent de chacun. Ce faisant, il cautionnait le suffrage censitaire qui voulait que l’exercice du droit de vote soit subordonné à la possession de biens qui venait en valider l’existence.

La démocratie était alors non pas que chacun ait le droit de choisir par le suffrage universel celui qui va exercer le pouvoir en son nom, mais seulement que les lois s’appliquent à tous sans distinction. Mais, si les uns avaient le droit de vote, les autres non : c’étaient alors des citoyens passifs.

Bien entendu, même ces lois pouvaient dépendre de la situation sociale des gens : quand on disait qu’il fallait protéger la propriété privée, ou bien réduire les droits de succession, il est évident que le petit peuple n’était nullement concerné par ces lois, qui pourtant s’appliquaient à lui aussi.

Mais en réalité, l’hypocrisie de Thiers tient au fait que le gouvernement, dans ce qu’il a d’essentiel, à savoir la souveraineté politique, ne se partage pas (1). Il en résulte que soit un monarque l’exerce personnellement, soit un corps politique l’incarne collectivement.

Que ce souverain choisisse de déléguer telle ou telle prérogative à qui que ce soit en raison de son talent ou de son mérite, ne change rien à l’affaire. Il garde en effet le pouvoir de le révoquer à tout moment.

On voit que prétendre mettre des conditions à l’exercice de ce pouvoir, c’est se placer au-dessus de lui, c’est donc lui refuser d’être souverain.

On y reviendra, mais en attendant, notons que l’exercice du droit de vote garantit à chacun d’être reconnu comme souverain (en tant que membre). Il a le droit alors de contrôler les gouvernants, et de réclamer leur destitution en cas d’incompétence.

A moins d’admettre que le souverain règne mais ne gouverne pas ?

Ça aussi on y reviendra.


(1) J’entends bien que Montesquieu a fait la théorie du partage des pouvoirs, mais en réalité il y a toujours eu un conflit entre eux pour la prédominance de l’un sur l’autre. Et aujourd’hui encore où l’on voit l’exécutif ronger les prérogatives du législatif… voire même du judiciaire.

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