Citation du 6 janvier 2011

« Rire et sourire. - Plus l'esprit devient joyeux et sûr de lui-même, plus l'homme désapprend le rire bruyant ; en revanche il est pris sans cesse d'un sourire plus intellectuel, signe de son étonnement devant les innombrables charmes cachés de cette bonne existence. »

Friedrich Nietzsche – Humain, trop humain

Commentaire 1.

Plus l'esprit devient joyeux et sûr de lui-même, plus l'homme désapprend le rire bruyant.

Comme hier nous trouvons cette idée qu’il y a une supériorité du sourire sur le rire : mieux vaut rire que pleurer, mais mieux vaut sourire que rire.

Tâchons de prendre au sérieux cette remarque. Je me suis déjà appliqué à montrer des situations où le rire était considéré comme non pertinent (je ne dis pas impertinent : voyez comme la langue française est riche de nuances !) – maintenant il s’agit non pas de dire qu’il ne faut pas rire, mais plutôt qu’il y a des cas où il faut remplacer le rire par le sourire.

C’est que le sourire ne renvoit pas seulement à une situation comique, qu’il n’est pas non plus exclusivement le révélateur d’un certain état d’esprit, mais aussi qu’il est solidaire d’une certaine qualité de l’esprit : l’esprit sûr de lui-même ne rit plus – il sourit.

Application : voyez le célèbre ange au sourire de la cathédrale de Reims (photo ci-dessus : mais si vous passez par Reims vous aurez le bonheur de voir cette statue débarrassée de ses échafaudages … et de sa poussière). Maintenant, supposez que l’Ange au lieu de sourire soit entrain de rire : d’un coup, il perd de sa dignité. Au lieu d’être l’ange de l’annonciation qui apporte la Bonne Nouvelle à Marie, le voilà qui se remémore une vanne ou qui fait une bonne blague… Ça ne va pas.

Le sourire est au minimum compatible avec le sérieux. On peut sourire sérieusement. On ne peut pas rire sérieusement.