Jules Renard – Journal
Que le savant généralise, on s’en persuade facilement : si mon stylo tombe je me doute bien que le physicien n’en parlera qu’en termes de chute des corps, qui s’applique aussi bien à mon stylo, ou à la feuille de papier, voire même à l’imprimante, ou à écran de l’ordinateur…
Mais que l’artiste individualise, ça, c’est moins clair. Deux possibilités :
1 – Si l’on s’en tient à l’art figuratif, on admet que le peintre ne donne que des images de la réalité, et donc qu’il ne peut peindre des concepts mais seulement des objets ou des êtres réels, même si on les range sous le concept en question.
Par exemple, la liberté représentée par une femme chez Delacroix (1) :
On remarquera que e tableau s’intitule : « La liberté guidant le peuple »
Il s’agit donc non pas seulement d’illustrer un concept, mais de rendre sensible une idée : on a affaire à une allégorie.
Si donc l’artiste ne peut qu’individualiser, il peut en même temps nous inviter à généraliser.
2 – Mais, l’artiste individualise aussi d’une autre manière, en nous livrant sa vision personnelle de la réalité. Il est évident que lorsque Picasso peint les horreurs du bombardement de Guernica, il ne s’est borné pas à les représenter comme s’il faisait un reportage photographique : il nous fait vivre les émotions suscitées en lui par l’événement.
Picasso – Guernica (Détail)
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(1) Cf. mon Post du 18 octobre 2008
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