- Parle, et je te baptise.
Cardinal de Polignac
(Cité ici – Rappelons que cette injonction du Cardinal de Polignac s’adressait
à un orang-outang rencontré dans le jardin du roi. C’est Diderot qui rapporte
l’anecdote dans l’Entretien avec d’Alembert.)
- Turing répond [à l’objection théologique selon laquelle à la différence de la machine, l’homme possède une âme] qu’il ne voit aucune raison pour laquelle Dieu ne pourrait donner à un ordinateur une âme s’il le souhaitait.
Test de Turing –
Article Wikipédia
La machine et l’homme (suite)
Le test de Turing consiste à vérifier que nous ne sommes
pas en train de dialoguer avec une machine mais bien avec un homme. La thèse
théologique affirme qu’il suffit de savoir que notre interlocuteur à bien une
âme, vu que Dieu ne l’a donnée qu’aux hommes, et pas aux machines. Ce qui
entraine la réponse de Turing, citée ici – et commentée ici.
Il semble que ce débat ne soit pas clôt aujourd’hui, et
que longtemps encore on s’excommuniera réciproquement : évitons ça.
Par contre le Test de Turing reprend aussi un vieux débat
philosophique, consistant à savoir à quels signes on peut reconnaitre dans un
être vivant – ou dans un extraterrestre, voire même dans une machine
anthropomorphe – un homme.
J’énumère :
- Descartes (Lettre au marquis de Newcastle du 23 novembre 1646) : la différence entre
l’homme et l’animal (qui, rappelons-le, n’est pour lui rien d’autre qu’une
machine), c’est que l’homme peut user d’un langage pour parler de façon
appropriée à la situation présente (et non comme un perroquet qui annone).
- Kant (Anthropologie
du point de vue pragmatique I,1) : l’homme est celui qui « possède leJe dans sa représentation »,
autrement dit, il est le seul être capable de se penser lui-même (et donc il
est un sujet moral).
- Oui, mais qui me dit que le chimpanzé ne se pense pas lui-même ? Bergson (La conscience et la vie – l’Energie
spirituelle – 1919) répond : nous n’en avons aucune preuve absolue, seulement
une forte probabilité. Les progrès de l’éthologie (sans parler de ceux de la
cybernétique depuis …1919), ne font que renforcer le doute.
- Lévi-Strauss : ce qui nous garantit qu’un être –
même s’il s’agit d’un extraterrestre – est un humain, c’est que nous puissions
communiquer avec lui, que nous puissions échanger des signes.
Nous retrouvons donc la phrase du cardinal de Polignac.
Oui, mais n’est-ce pas, l’iPhone 4s…
3 comments:
Bonjour,
"Descartes (Lettre au marquis de Newcastle du 23 novembre 1646) : la différence entre l’homme et l’animal (qui, rappelons-le, n’est pour lui rien d’autre qu’une machine), c’est que l’homme peut user d’un langage pour parler de façon appropriée à la situation présente (et non comme un perroquet qui annone)."
Je ne trouve pas cette réponse de Descartes pertinente, car en fait, c'est notre moyen de communication... S'il avait atterrit sur une autre partie de la terre avec d'autres qui communiquaient avec des sons inconnus pour lui, qu'aurait-il pensé? et puis le langage n'est qu'un code pratique certes, mais qui n'est pas naturel, inventé, élaboré au fil du temps...
F'(messomet 3)
Se peut-il que l’animal parle sans qu’on le sache ? Descartes y a pensé : il répond que si les animaux parlaient, alors ils trouveraient bien le moyen de nous le faire comprendre puisque les chiens savent se faire comprendre s’ils le veulent.
Seulement l’essentiel ce n’est pas de communiquer, mais de communiquer _par signes_ c’est-à-dire par quelque chose qu’on puisse utiliser même en absence de ce qu’on veut signaler, comme quand on parle de temps qu’il a fait hier – et qu’il en fait plus aujourd’hui.
Pour Descartes, quand l’animal crie, son cri est un élément solidaire de ses sensations (il a faim, ou il souffre, ou il est joyeux etc…) : un peu comme moi je crie quand je me mets un coup de marteau sur le doigt.
L’animal a donc des cris qui sont l’expression de ses « passions », alors que l’homme utilise des signes qui nécessitent une pensée.
Les animaux communiquent entre eux, parfois avec nous pour des besoins essentiels. Très peu de vraies paroles s'échangent chaque jour...- je parle de paroles essentielles- les Anciens le savent.... Mais parler, c'est dire:" j'existe, j'ai besoin absolu d'être reconnu". Nous sommes les premiers du règne animal- en fait, les plus grands prédateurs, même de notre espèce ( voir l'état de la planète)... ce que Descartes ignorait.
J'ai élevé un faon, c'est extraordinaire...
Bon, j'suis pas philosophe... !!!
Bonne soirée...
F'(umments 48) C'est drôle ! non... :-)
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