S'il n'est pas sûr, malgré le dicton, que l'esprit vienne
aux filles avec l'amour, il semble s'aiguiser dans le désamour.
Hervé Bazin – Madame
Ex (1974)
Primo : rares sont les citations consacrées au
désamour.
Secundo : encore plus rares celles qui lui donnent
un sens positif.
L’idée de Bazin est de faire du désamour le contraire de
l’amour. Or, que fait l’amour ? Il aveugle les filles et les rend idiotes :
elles ne voient pas que le garçon qu’elles aiment ne leur chante des poèmes que
pour coucher avec elles, que ses promesses d’avenir sont du vent – et que passé
le printemps, le Prince Charmant n’aura plus un regard pour elles.
Alors, le désamour serait simplement ce qui fait faire le
chemin en sens inverse, ce qui dessille les yeux ?
Pour en avoir le cœur net, j’ai consulté les forums où cette
question a été agitée.
Voici par exemple ce que j’ai trouvé sur le forum aufeminin.com : « On ne pense plus à l'autre, on l'évite
parfois, on ne vibre plus sous son regard ou ses caresses, on est vite irritée,
on ne pardonne plus ses défauts, on dit "j'ai bcp de tendresse ou
d'affection pour lui", on se renferme, on n'est plus réceptif à ses signaux
d'appels, on étouffe, on a envie de tourner la page... en mode "je l'ai
vécu", mais je garde beaucoup de tendresse pour lui ».Ninondelenclos (pseudo – lire ici)
Passons sur les détails – l’important est bien que
la symétrie entre amour et désamour n’existe pas : il n’y a pas d’équivalent
du coup de foudre pour le désamour. Pas de réveil le matin en se disant "celui
qui dort là, à côté de moi, qui était mon amour d’hier soir, n’est plus qu’un
compagnon comme un autre ce matin." Le désamour suppose une progressivité, un
abandon silencieux qu’on ne perçoit pas.
Le désamour, c’est comme la calvitie qui s’installe,
cheveu qui reste dans le peigne après cheveu qui reste dans le peigne. La
soudaineté est alors la révélation de ce qui était là déjà depuis un bon
moment. D’où évidemment son caractère irréversible.
Il faudrait donc des détecteurs de désamour, comme il y a
des détecteurs de fumée, qui se déclenchent bien avant que l’incendie ne se soit propagé.
--> On pourrait peut-être utiliser les propos de
Ninondelenclos qui insiste sur ces signes que sont la lassitude sous les caresses,
l’impatience suscitée ces défauts qui ne passent plus, etc. Mais ces signes
vont mettre longtemps avant de nous émouvoir ; par contre, il y en a d’autres qui se révèlent plus rapidement :
voilà cet homme (cette femme) que j’aime.
Et maintenant, voilà que je le (la) respecte ? Que j’ai bcp de tendresse
pour elle (lui).
Danger !
1 comment:
Mais "Et l'on n'y peut rien..."
Cette chanson de JJ goldman, résume bien:
Comme un fil entre l'autre et l'un
Invisible, il pose ses liens
Dans les méandres des inconscients
Il se promène impunément
Et tout un peu tremble
Et le reste s'éteint
Juste dans nos ventres
Un nœud, une faim
Il fait roi l'esclave
Et peut damner les saints
L'honnête ou le sage
Et l'on n'y peut rien
Et l'on résiste on bâtit des murs
Des bonheurs, photos bien rangées
Terroriste, il fend les armures,
Un instant tout est balayé
Tu rampes et tu guettes
Et tu mendies des mots
Tu lis ses poètes
Aimes ses tableaux
Et tu cherches à la croiser
T'as quinze ans soudain
Tout change de base
Et l'on n'y peut rien
Il s'invite quand on ne l'attend pas
Quand on y croit, il s'enfuit déjà
Frère qui un jour y goûta
Jamais plus tu ne guériras
Il nous laisse vide
Et plus mort que vivant
C'est lui qui décide
On ne fait que semblant
Lui, choisit ses tours
Et ses va et ses vient
Ainsi fait l'amour
F'(40 tofvend)
Et l'on n'y peut rien
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