Il faut profiter de l’immortalité sans tarder - c’est la
plus courte des saisons.
Francis Dannemark
– Qu’il pleuve
Souvent les citations parce qu’elles sont séparées de
leur contexte perdent complètement leur sens. Mais il peut se faire aussi que
leur caractère énigmatique tienne au fait qu’elles sondent un mystère de l’existence :
ainsi de l’immortalité, conçue comme « une saison » de la vie.
Décryptons :
- A quel moment de notre vie sommes-nous immortels ?
Réponse : dans la jeunesse. Non pas que nous ignorions alors que la mort
rode, mais on n’en sent pas les prémices en nous. Le grand-père est mort, oui.
Mais il était bien vieux, et rien dans une vie de jeune ne donne à vivre ce que
c’est que la vieillesse, ni quel est le goût de la mort prochaine dans la
bouche du vieillard.
- Toutefois, la jeunesse, pour qui l’observe du haut de la
science du philosophe ou de l’inspiration du poète, est elle-même emportée dans
la course de la vie. Elle est une gare sur le trajet du train de la vie – il y passera peut-être au ralenti, mais hélas ! il ne s’y arrêtera pas… Il ne
s’arrêtera d’ailleurs qu’à son terminus, qui va se profiler bientôt à
l’horizon.
--> Il faut donc profiter de la jeunesse quand il en
est temps. Oui…
Mais que faut-il faire pour profiter de sa
jeunesse ? Vivre des passions torrides ? S’éclater dans des boites de
nuit à Ibiza ? Se charger de toutes sortes de substances toxiques pour en
profiter 24 heures sur 24 ?
Inepties ! Profiter de sa jeunesse, c’est jouir de
cette sensation d’être immortel, c’est-à-dire jouir de la vie sans qu’aucune
limite ne vienne en obscurcir l’horizon, ni ternir l’éclat de ses
sensations. Etre immortel en ce sens, c’est jouir d’une durée non pas infinie,
mais indéfinie.
Alors, évidemment, de temps en temps on nous dit que puisque
ça ne durera pas, alors il faut rechercher une autre forme d’immortalité, celle
dont on jouit au Paradis (1)
Pourquoi pas ? Mais moi, je me dis – en paraphrasant
Woddy Allen : Quand on sait ce qu’il
faut faire pour aller au Paradis, on n’a plus très envie d’y aller.
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(1) Sur le Paradis, voir ce site, où l’on trouve en
particulier ceci :
« La forme du Paradis est toujours changeante parce
qu'il est le produit de désirs humains inconscients. Montre-moi ton paradis, et
je te montrerai ce qui manque dans ta vie. Les habitants du désert qui écrirent
la Bible et le Coran connaissaient la soif - donc des rivières, des fontaines
et des sources coulaient toujours au paradis. Les esclaves afro-américains croyaient
qu'ils allaient au paradis où «les premiers seraient les derniers, et les
derniers seraient les premiers» - ainsi ils seraient des hommes libres qui
domineraient les esclaves blancs. Les jihadistes islamistes de nos jours vivent
dans une société sevrée de sexe, donc on plonge dans une orgie peuplée de 72
vierges dans leur paradis. »
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