My dear,
I was born into a class who don’t work, take the money of those who do, and
have not yet been put to death by stoning.
After
that, life holds few surprises, believe me.
Alan Moore, Lost
Girls, 2006
[Traduction : Mon cher, j’étais né dans une classe [sociale]
de gens qui ne travaillent pas, qui prennent l’argent de ceux qui travaillent,
et qui n’ont pas été pour le moment lapidés.
Avec ça, la vie ne comporte pas beaucoup de surprises,
croyez-moi.]
Commentaire II
Nous avons traité hier la question : comment être
riche sans se faire lapider ?
Mais peut-être avions-nous mis la charrue avant les
bœufs : car il faudrait d’abord se demander « Comment devenir
riche ? ».
Plutôt que d’acheter un truc-à-gratter ou de faire un
hold-up à la BCE, notre auteur nous conseille ce que le bon sens nous suggérerait
de toute façon : en faisant travailler les autres et en leur prenant le
bénéfice de ce qu’ils ont produit.
Ça rappelle une blague qu’on racontait du temps de
Notre-Ex-Président : « Travailler plus pour gagner plus ? Oui,
mais qui a dit qu’on parlait de la même personne ? ».
Marx l’a dit et nous le savions de toute façon :
l’exploitation de l’homme par l’homme est aussi vieille que le monde, et le
travail humain est la seule façon de réaliser des profits. Le seul
inconvénient, mais il est de taille, est le risque que les esclaves se
révoltent (la lapidation dont parle notre citation). Marx appelait ça : la
révolution prolétarienne.
Marx a dit aussi que cette vérité (à savoir que le
travail humain crée de la valeur) a mis longtemps à émerger, et qu’il a fallu
l’ère industrielle pour qu’elle devienne évidence. Il a baptisé ce fait la « plus-value ».
--> Mais il a du coup rejeté comme insignifiante cette
autre forme de plus-value qui résulte des manipulations financières. Or nous
découvrons que des pays entiers ont bâti leur prospérité sur celles-ci ;
que des ministres de l’économie se sont mués en traders. Ce qu’on a découvert,
c’est qu’il y avait de l’argent à trouver loin, très loin en aval de la production
des marchandises, et même qu’il se pourrait bien que, s’il n’y avait pas de
marchandise y du tout, il y aurait quand même du profit à faire – qu’on
pense par exemple aux opérations boursières à terme.
J’en connais qui ricanent en lisant ça : ils disent
que les imprudents qui ont mis les doigts dans cet engrenage se les mordent
maintenant, comme les islandais, les irlandais ou même les anglais.
La cause de leur déconfiture n’est pas dans le processus
financier, mais dans la cupidité qui les amène à rester dans la bulle au-delà
du moment critique. Le vrai gagnant est celui qui en change avant qu’elle
éclate.
Nous y voilà : la cupidité c’est ça le vrai défaut
de la cuirasse des riches.
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