Friday, June 01, 2012

Citation du 2 juin 2012


Jean : C’est une institution, à l’égal du réfrigérateur ou de la télévision. Les hommes, les femmes, les enfants, les bébés, les vieillards, les clochards et les milliardaires en ont porté, en portent ou en porteront. On ne s’élève pas contre une institution, on la subit.
Nadine de Rothschild, Le bonheur de séduire, l’art de réussir : savoir vivre aujourd’hui
Voilà : c’est Nadine de R* avec ses jugements à l’emporte-pièce et sa condescendance. Cette fois, elle s’en prend au jean.
Le Jean – votre jean – est ainsi frappé de nullité. Comment espérer être à la mode avec ça ? Tout le monde en porte, et pire encore – tout le monde en porte depuis … sa naissance et jusqu’à sa mort. Né emmailloté dans un jean, enseveli revêtu de son dernier jean.
Le jean, une institution ? Elle est bien gentille Nadine de R*, elle ne veut pas nous vexer, mais quand elle le compare au réfrigérateur, on comprend tout de suite qu’elle vise une banalité fonctionnelle de la pire espèce (1).
Oui, mais : Nadine, des jeans comme ceux-là, tu en as porté ?

Reste quand même que nait un doute : le jean n’a-t-il pas perdu son âme (2) en évoluant bien au-delà des limites supposées par Nadine de Rothschild ?
Car c’est vrai : on peut se demander si ce dont on parle existe encore vraiment. Ce string-jean est-il encore un jean ? Plus simplement, le jean en élastis qui a remplacé le jean en toile bien raide, n’est-t-il pas complètement dénaturé ?
Certes, on peut admettre que l’élastis a préservé la fesse rebondie, qui est l’essence du jean. Mais qu’en est-il du feeling ? Le jean doit être rough as the man who weares it, comme disait la pub.
Le jean, c’est le futal du macho, du mec qui en a (3). Le jean souple comme un gant de soie on n’y croit pas.
Bon – j’exagère peut-être un peu. Reste que ce n’est pas à Nadine de nous dire si on doit mettre notre vieux jean à la poubelle.
Surtout pas à la poubelle – en tout cas, pas avant d’avoir lu le Post de demain
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(1) Je me souviens que lorsque la VW (la Coccinelle) existait encore, un journaliste de revue automobile disait d’elle qu’avec son allure épouvantable et sa décourageante fiabilité, elle n’était que le « frigidaire de la route ».
(2) Car, n’en doutez pas, les jeans ont une âme. Les miens en tout cas. Pas les vôtres ?
(3) Levi's fabriquait autrefois ses jeans en mettant un rivet juste à l’entrejambe, histoire qu’avec la pression interne ça ne craque pas. Valorisant.
Sauf qu’autour du feu de camp ce fichu rivet concentrant la chaleur en venait à brûles les corones. Il a donc fallu le supprimer – ça, c’est la dialectique de la virilité.

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