La France est un malade que, depuis cent ans, trois
médecins de rouge vêtus, ont successivement traité. Le premier (Richelieu) l'a
saigné ; le second (Mazarin) l'a purgé ; et le troisième (Fleury) l'a mis à la
diète.
Le Mémoires du comte
d'Argenson (1696-1764), (Ministre de la guerre sous Louis XV)
Comme toujours, il ne peut y avoir un changement en
France sans que nous cherchions dans le
passé historique un événement auquel le comparer.
Ainsi de notre changement de Président : j’étais
tenté de voir en lui une réincarnation de Louis-Philippe, le Roi bourgeois
(auquel il ne manquerait que de trouver son Daumier). Mais voici que je trouve
cette référence au cardinal de Fleury, qui gouverna la France au début du règne
de Louis XV (1).
Le comte d’Argenson dit de lui qu’il fut un médecin
avisé qui soigna la France malade en la mettant à la diète. Intéressant.
Car pour le coup, voici une maladie chronique de la
France, attestée sans interruption pendant de longs siècles : elle souffre
d’une pénurie de finances, et tous les traitements ont été impuissants à la
guérir. Fleury y réussit pourtant – du moins temporairement.
Fleury fut un ministre au train de vie modéré, qui vécut
de ses appointements de ministre et fit l’aumône du reste (2). Evidemment on
devine que la comparaison avec nos gouvernants actuels qui préfèrent se
déplacer en RER plutôt qu’en limousine est tentante.
Mais voilà : si Fleury est célébré par d’Argenson,
c’est surtout parce qu’il mit la France à
la diète : plus de dépenses somptuaires, priorité donnée à la
stabilisation de la monnaie et au rétablissement du budget de l’Etat. Un
exemple qui nous rappelle aujourd’hui le modèle allemand.
Je me dis : si notre Nouveau-Président se serre la
ceinture (lui et son gouvernement), regardons ce qui s’est passé du temps de
Louis XV et du cardinal de Fleury.
Il ne va surement pas tarder à nous faire les
poches : c’est le moment d’y mettre des cactus.
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(1) Pour sa biographie, voir ici.
(2) Il s’agit des revenus provenant de ses abbayes.
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