Amis vous noterez que par le
monde y a beaucoup plus de couillons que d'hommes, et de ce vous souvienne.
Rabelais Le Cinquième Livre, ch. 8
Le couillon, au
16ème siècle, désigne le testicule et non comme aujourd’hui le sot l’imbécile,
le poltron. Toutefois, il n’est pas impossible que Maitre Æditue, qui prononce cet avertissement
à l’intention de Pantagruel et de ses compagnons, joue sur l’ambiguïté du sens.
Toujours est-il que l’éditeur du texte de ma bibliothèque (L’intégrale/Seuil)
croit nécessaire pour ceux qui ne comprendraient pas la formule il y a beaucoup
plus de couillons que d'hommes, de préciser :
il devrait y en avoir exactement deux fois plus.
Mais, justement : comment
se fait-il que ce mot, qui désigne ce qui fait la virilité et donc la fierté
des hommes, en vienne à désigner l’imbécilité ou la lâcheté ? Et que du
coup il en vienne même à rejoindre le con, qui selon la même logique désigne l’organe
sexuel féminin et la bêtise ?
La solution vient du petit
livre de Catherine Rouayrenc Les gros mots, un Que sais-je ? édité aux PUF. Voici ce que nous précise l’auteur :
L’insulte qui vise les
imbéciles est la même que celle qui dénonce les cons : ce sont des gens
qui restent dans la passivité stupide alors que d’autres jouissent de la vie
par leur activité et par leur ingéniosité.
Les couillons (sens étymologique)
ne participent pas activement à l’acte sexuel. Pendant que le pénis s’active
dans le « con » (organe de la passivité), eux, ils restent à ballotter
à l’extérieur, un peu comme l’homme qui attendrait derrière la porte de la
chambre que son copain ait fini de profiter de la copine.
Je me risquerai à ajouter une
note plus personnelle où je dévoilerai un détail de l’intimité masculine :
les « couillons » sont un organe bien encombrant qui à la différence
du pénis érectile pendent systématiquement, se coincent dans le caleçon et –
pire encore – sont extrêmement sensible et constituent le défaut de la cuirasse
masculine – raison pour la quelle Panurge, au chapitre 8 du Tiers livre revêt une
braguette en acier pour aller au combat, disant :
« La tête
perdue, ne périt que la personne ; les couilles perdues périrait toute humaine
nature. » (Lire ici)
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