Saturday, June 30, 2012

Citation du 1er juillet 2012


Les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus.
Marcel Proust    Le Temps retrouvé
1 – Il ne nous appartient pas de vivre dans un paradis quelconque.
2 – Les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus.
3 – On a donc déjà vécu au paradis, mais on l’a quitté.
--> Qu’est-ce donc que ce paradis perdu ?
Plusieurs hypothèses sont susceptibles d’être avancées, par exemple
- que ce Paradis est celui des mythes et que nous n’y avons été que par ancêtre mythique interposé.
- Ou alors (toute autre hypothèse) que l’amour de jeunesse a été sans qu’on le sache le moment où notre vie a été le plus proche du paradisiaque.
- Ou encore que si nous l’avons perdu, ce paradis, c’est simplement parce que nous ne savons pas y demeurer, nous sommes toujours en mouvement, toujours à chercher autre chose, jamais content de ce que nous avons.
Cela, c’est la thèse des stoïciens : alors que notre vie est la meilleure possible, puisque l’ordre de la Nature est à la fois bon et immuable nous sommes toujours instables et en mouvement comme disait Sénèque, trouvant dans cette agitation de ses contemporains en quête d’un « toujours-plus » l’explication de leur malheur.
Pour ma part, je pencherais plutôt pour la thèse suivante : si le Paradis appartient au passé, c’est parce que son lieu naturel est dans la mémoire. Le paradis est fait de souvenirs, et qui plus est de souvenirs infidèles : il est ce qui reste quand on a oublié tout le reste.
Le Paradis, c’est l’enfance avec ses senteurs de foin ses tartines de confiture, et les histoires que racontait Grand-mère pour s’endormir (1).
Le Paradis, c’est le parfum de la femme que nous avons pour la première fois tenue serrée dans nos bras.
Le Paradis, c’est quand la baguette de pain ne coutait que quelques centimes, du temps où le franc existait encore…
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(1) A noter : ça marche aussi avec les tartines de Nutella et le club Dorothée.

2 comments:

Anonymous said...

Oui, c'est dans les souvenirs... ce qu'il en reste ,- les images et le contexte sont flous-, c'est cette sensation de bien être indicible...

Les instants qui se rapportent à ces souvenirs- souvent des bons moments de jeunesse- ne sont pas entachés par la peur du lendemain et de ce qui est du raisonnable , -de ces chutes d'après bonheur-...

Pour retrouver ces paradis perdus, il nous faudrait la capacité de ne pouvoir vivre que l'instant, le présent sans penser aux immanquables retombées, mais, le temps nous en empêche...

Bon, ce n'est pas drôle pour un dimanche...mais bon dimanche quand même !:-)

F'(4 psyster)

Jean-Pierre Hamel said...

1 – Le souvenir est ce qui reste ne nous de plus immuable, même quand tout le reste a bougé. Telle est la leçon de la madeleine de Proust.
2 – Ne vivre que l’instant présent est le propre de l’épicurisme. Ce n’est pas facile – sans doute. Mais c’est à y parvenir que tend l’enseignement d’Epicure – sans substances illicites.
3 – Les pensées peuvent très bien ne pas être drôles, mais être quand même excitantes. Et ce n’est déjà pas si mal…
Amicalement,
Jean-Pierre