It is
the curse of age, that all things are reflections of other things. (Traduction (approximative) : C’est
le malheur du grand âge, que toutes les choses ne soient plus que le reflet
d’autres choses)
Neil Gaiman – The Truth Is a Cave in the Black
Mountains, 2012 (Voir le texte en annexe)
On sait que les souvenirs de jeunesse obsèdent les vieux
d’autant plus qu’ils semblent avoir perdu la mémoire immédiate. La maladie
d’Alzheimer sert alors à expliquer ce phénomène : c’est du ramollissement
cérébral et voilà tout.
La Citation du jour, qui s’est donné pour mission de donner du sens là où
il n’y en a pas, ou de l’étoffer là où il n’est qu’un misérable brouet d’eau
claire, va élargir un peu le champ. Voici donc ce qu’ajoute notre « auteur
du jour » : le grand âge est caractérisé par le fait que tout ce qui
arrive soit vécu comme la répétition d’un autre évènement venu d’un lointain
passé. Qu’on se reporte à l’exemple donné par notre auteur (cf. Texte en annexe) :
non seulement cette jolie « poulette » rousse qui passe par-là en
rappelle une centaine d’autres, mais encore celles-ci rappellent leurs mères, et
aussi comment elles furent en grandissant et comment elles moururent.
Bien sûr, on peut ajouter à ça que tout le présent
devenant un reflet du passé est au mieux un reflet fidèle, mais le plus souvent
une déception : c’était bien mieux dans mon jeune temps... Banalité ?
Oui, certes. L’essentiel est donc d’observer que vieillir c’est devenir
imperméable aux nouveautés du présent et à l’enrichissement qu’elles apportent.
C’est donc perdre tout intérêt pour ce qui advient, c’est être désadapté par
rapport au présent.
Oui, on peut dire ça. Mais on peut aussi dire qu’à ce
compte, il y a des vieux d’aujourd’hui ne sont pas si vieux que ça, comme ceux
qui viennent de s’équiper d’un ordinateur (ou d'une tablette) avec une connexion Skype
et qui peuvent comme ça voir leurs enfants partis au loin (et leurs petits-enfants)
sur l’écran comme s’ils étaient près d’eux.
Autrement dit, quand le
reflet des choses s’estompe et disparait, les vieux savent très bien le
poursuivre sur l’écran de l’ordinateur.
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Annexe : Voici le passage en entier :
«I am old now, or at least, I am no longer young, and everything I see
reminds me of something else I’ve seen, such that I see nothing for the first
time. A bonny girl, her hair fiery red, reminds me only of another hundred such
lasses, and their mothers, and what they were as they grew, and what they looked
like when they died. It is the curse of age, that all things are reflections of
other things. » Lire le reste ici.
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