Comment m'intéresser au foot ?
« Je me demande si quelqu'un dispose de statistiques pertinentes pour
analyser les montées et les relégations [des équipes de foot] : je serais
curieuse de savoir comment elles se répartissent et si par hasard l'impression de niveau variable n'est pas
juste un artéfact cognitif d'une répartition bêtement aléatoire. »
Citation extraite
d’un Post trouvé sur ce Blog
La science et nous – I
L’impression de
niveau variable [concernant la
répartition des équipes de foot dans les classements] n’est-elle pas juste un artéfact cognitif d'une répartition bêtement
aléatoire ?
Voilà qui venge les intellos de l’invasion des
commentateurs de foots qui vont profaner nos antennes durant bon nombre de
semaines (1).
- D’abord par ce langage « scientifique », qui
donne à croire qu’il y a un département Foot à l’EHESS (2). Avec un tel
vocabulaire, on est sûr au moins de rester entre nous.
- Et puis nous voilà en état de remettre à leur place
tous ces pseudo-spécialistes footballistiques – eux qui expliquent les
résultats des clubs par la science de l’entraineur, le salaire de
l’avant-centre etc. – en fait ils ont cru bêtement posséder un savoir, alors
qu’ils ne considéraient que l’ombre des choses (3). Dans l’antre de l’opinion,
nulle science n’est possible ; tout n’est que hasard.
- Et puis on a une clef pour décrypter les énigmes du
monde du foot, telle que l’incroyable salaire de certains joueurs : on
parle par exemple d’un joueur de Chelsea
qui toucherait un million d’euros par mois. Que fait-il donc pour
mériter un salaire digne d’un PDG du CAC-40 ?
Réponse : rien du tout, puisque la répartition des équipes de foot dans les classements résulte d'une
répartition bêtement aléatoire. Un salaire aussi astronomique ne sert qu’à
dissimuler une telle vérité, en donnant à croire que si ce joueur est
grassement payé, c’est parce qu’il est pour quelque chose dans les résultats de
son équipe – lui et non le hasard.
- Du coup on est tout heureux de retrouver une vérité
qu’on connait depuis…1651, c’est-à-dire depuis que Hobbes a expliqué que la
valeur d’un homme est exprimé par le salaire qu’on est prêt à lui verser pour
l’avoir à son service (4). Vous voulez montrer qu’il a beaucoup de
valeur ? Donnez-lui un gros salaire.
Et pour les patrons du CAC ?
Pareil !
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(1) Durant l’Euro de football, pour ceux qui débarquent
de Mars.
(2) Ecole des hautes études en sciences sociales
(3) On reconnait ici la critique platonicienne de la
« science » de l’opinion, que les prisonniers de la caverne croient
posséder. Voici le texte :
[Platon parle ici des coutumes des prisonniers au fond de
leur caverne] « Et les honneurs et
les louanges qu'on pouvait s'y décerner mutuellement, et les récompenses qu'on
accordait à qui distinguait avec le plus de précision les ombres qui se
présentaient, à qui se rappelait le mieux celles qui avaient l'habitude de
passer les premières, les dernières, ou ensemble, et à qui était le plus
capable, à partir de ces observations, de présager ce qui devait arriver »
(Platon – République VII 516c-516d)
(4) « La valeur ou l'importance d'un homme, c'est
comme pour tout autre objet, son prix, c'est-à-dire ce qu'on donnerait pour
disposer de son pouvoir. » – Thomas Hobbes Léviathan (1651) (lire ici)
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