Le pouvoir ne se partage pas.
Edouard Balladur –
Titre de l’ouvrage d’entretiens avec François Mitterrand publié en 2010 chez Fayard
La souveraineté est la puissance absolue et perpétuelle
d’une République (…) c'est-à-dire la plus grande puissance de commander…Elle
n'est limitée ni en puissance ni en charge à un certain temps.
Jean Bodin – Les Six
Livres de la République (1608)
Je relève que cette phrase est couramment attribuée à
Jacques Chirac, dans un livre intitulé Le
mariage Blanc. Or aucun ouvrage de Chirac ne porte ce titre, par contre
Edouard Balladur donne cette formule en titre à un livre d’entretiens avec
François Mitterrand (entretiens réalisés durant la seconde cohabitation). Bon.
Qu’importe après tout : on ne prête qu’aux riches.
« Le pouvoir ne se partage pas ». De quoi
s’agit-il ?
- D’une maxime ? Dans ce cas on saurait qu’il faut constamment viser cette possession du
pouvoir, tout en sachant qu’elle est un horizon peut-être inaccessible.
- D’un constat ? Alors on saurait que tout partage
du pouvoir détruit le pouvoir.
C’est bien dans ce sens que s’exprime Jean Bodin :
la souveraineté est une et indivisible, et la prétention de l’Eglise (autrement
dit le Pape) d’incarner le pouvoir spirituel détaché du pouvoir temporel est
inacceptable, puisqu’il faudrait dans ce cas que le Roi se soumette à
l’autorité de Dieu – c’est-à-dire du pape.
C’est aussi le sens que Montesquieu donne à la division
des pouvoirs, visant à en limiter les abus. Reste que selon Jean Bodin, un
pouvoir divisé n’est pas seulement un pouvoir affaibli, il est surtout un
pouvoir anéanti.
Bodin ou Montesquieu : le quel a raison ?
Laissons les juristes et les spécialistes du droit
constitutionnel en décider. Pour ma part, j’observe que tout pouvoir divisé
tend à se reconstituer en recollant les morceaux. De ce point de vue le
quinquennat qui vient de s’achever a été passionnant : l’action permanente
du chef de l’exécutif visant à soumettre à sa volonté le législatif (incarné il
est vrai par une chambre des députés soumise à son parti) et le judiciaire
(enjeu de la réforme de l’instruction et de la nomination des juges) montre
bien qu’il est dans sa nature de ne pas se diviser.
Voilà donc un critère d’évaluation du nouveau quinquennat :
selon ce qu’il fera ou non dans ce sens nous saurons s’il est un quinquennat
« normal » ou pas.
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