Wednesday, July 11, 2012

Citation du 11 juillet 2012


Le pouvoir ne se partage pas.
Edouard Balladur – Titre de l’ouvrage d’entretiens avec François Mitterrand  publié en 2010 chez Fayard
La souveraineté est la puissance absolue et perpétuelle d’une République (…) c'est-à-dire la plus grande puissance de commander…Elle n'est limitée ni en puissance ni en charge à un certain temps.
Jean Bodin – Les Six Livres de la République (1608)

Je relève que cette phrase est couramment attribuée à Jacques Chirac, dans un livre intitulé Le mariage Blanc. Or aucun ouvrage de Chirac ne porte ce titre, par contre Edouard Balladur donne cette formule en titre à un livre d’entretiens avec François Mitterrand (entretiens réalisés durant la seconde cohabitation). Bon. Qu’importe après tout : on ne prête qu’aux riches.
« Le pouvoir ne se partage pas ». De quoi s’agit-il ?
- D’une maxime ? Dans ce cas on saurait qu’il faut  constamment viser cette possession du pouvoir, tout en sachant qu’elle est un horizon peut-être inaccessible.
- D’un constat ? Alors on saurait que tout partage du pouvoir détruit le pouvoir.
C’est bien dans ce sens que s’exprime Jean Bodin : la souveraineté est une et indivisible, et la prétention de l’Eglise (autrement dit le Pape) d’incarner le pouvoir spirituel détaché du pouvoir temporel est inacceptable, puisqu’il faudrait dans ce cas que le Roi se soumette à l’autorité de Dieu – c’est-à-dire du pape.
C’est aussi le sens que Montesquieu donne à la division des pouvoirs, visant à en limiter les abus. Reste que selon Jean Bodin, un pouvoir divisé n’est pas seulement un pouvoir affaibli, il est surtout un pouvoir anéanti.
Bodin ou Montesquieu : le quel a raison ?
Laissons les juristes et les spécialistes du droit constitutionnel en décider. Pour ma part, j’observe que tout pouvoir divisé tend à se reconstituer en recollant les morceaux. De ce point de vue le quinquennat qui vient de s’achever a été passionnant : l’action permanente du chef de l’exécutif visant à soumettre à sa volonté le législatif (incarné il est vrai par une chambre des députés soumise à son parti) et le judiciaire (enjeu de la réforme de l’instruction et de la nomination des juges) montre bien qu’il est dans sa nature de ne pas se diviser.
Voilà donc un critère d’évaluation du nouveau quinquennat : selon ce qu’il fera ou non dans ce sens nous saurons s’il est un quinquennat « normal » ou pas.

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