Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
Maxime attribuée à
Lavoisier
Selon Wikipédia, cette maxime est en réalité la reformulation d'une
phrase d'Anaxagore de Clazomènes : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent,
puis se séparent de nouveau. »
J’avais il y a quelques temps divagué avec Diderot qui
imaginait que les molécules des corps des défunts pouvaient aller se balader
avec les molécules d’autres défunts – et en particulier celles du monsieur avec
celles de la dame qu’il aimait…
… Si nous voulons nous en tenir au raisonnable, disons
avec Anaxagore – et Lavoisier – que du point de vue de la matière, le néant
n’existe pas. Ou encore : que rien ne commence et rien ne finit. C’est
mieux dit et en plus ça réduit au silence la métaphysique qui pose sans cesse
la question de l’origine première des êtres, ainsi que de leurs fins dernières
(1).
Quoique : D’où
viens-je ? Où vais-je ?
ces questions peuvent encore être posée. Mais non pas comme des questions
fondamentales, mais comme de simples questions pratiques. Mon origine lors de ma naissance n’est pas plus
miraculeuse que le fait que, quand je mange une côtelette de porc, les molécules
de la viande du cochon se transmutent en molécules humaines (2).
De même : pas de création ex nihilo, pas de fiat lux.
Fiat lux… Un
miracle ? Je sais bien que la récente découverte du boson de Higgs a remis
en lumière (si l’on peut dire) le fait qu’au moment du big-bang, les photons
n’ont pas tout de suite existé, mais seulement quelques secondes après (3).
Reste que tout cela est strictement connaissable et compréhensible et qu’à la
différence des métaphysiques spiritualistes, le matérialisme exclut le mystère
de l’univers.
Revenons maintenant à nous. Je voudrais savoir ce que je
vais devenir lorsque je serai mort – ou alors ce que j’étais avant ma naissance
(4) – ce qui revient à peu près au même.
La réponse est ou bien une évidence : regardez,
voyez les transformations de la matière vivante, et vous comprendrez tout.
Ou alors elle est un mystère insondable, parce que, si je
refuse d’évacuer le MOI (ou l’ÂME),
alors je ne comprends plus rien ni à son apparition, ni à sa disparition.
Quizz-de-l’Eté :
JE ne serai pas détruit le ver qui
rongera mon corps ; JE ne suis
pas l’ADN de la semence de Papa-Maman ; JE suis un miracle – Qui suis-je ?
Réponse : Je suis Narcisse.
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(1) « Fin »
au sens de but ou de fonction. Alors, ma fin dernière est-elle de clamer la
Gloire de Dieu (= spiritualisme), ou bien de nourrir les vers qui rongeront mon
cadavre (= matérialisme) ?
(2) Je suppose que le tabou musulman sur la consommation
du porc signifie qu’ils ne croient pas à cette transmutation : qui mange
de cette viande impure devient comme elle.
(3) Between
10 seconds and 380,000 years after the Big Bang dit Wikipédia. Excusez l’imprécision, mais vu la distance (14 milliards d’années) ça
peut se comprendre.
(4) Occasion de rappeler que Docteur-Philo avait en sontemps abordé cette question.
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