Tuesday, July 17, 2012

Citation du 18 juillet 2012


Les Grecs étaient précisément ce que sont aujourd'hui les Helvétiens, qui louent leur service et leur courage aux princes leurs voisins, mais pour une somme trois fois plus modique que n'était la solde des Grecs
Voltaire – Dictionnaire philosophique  (Article : Xénophon – La retraite des Dix-mille)
Soldats en soldes ! (1)
L’an dernier, à pareille époque, je partais en guerre contre les soldes.
Aujourd’hui, non seulement je considère que mon attaque a fait pschitt, mais encore que l’usage que j’y faisais de l’ironie socratique est devenu du plus mauvais gout.
Car alors j’imaginais Socrate clamant son indifférence devant la consommation de ces marchandises. Qu’en diraient les grecs d’aujourd’hui ? Ne seraient-ils pas bien heureux de pouvoir acheter ces marchandises qu’on étale devant eux et dont ils ont besoin ? Malheureusement même en solde elles sont encore beaucoup trop chères pour eux.
Voltaire pointait en son siècle le fait que les hommes eux-mêmes pouvaient solder leurs services. Il évoquait alors les mercenaires suisses, dont l’extraordinaire succès résultait du fait qu’ils coutaient trois fois moins chers que les mercenaires grecs.
On dit qu’aujourd’hui la Grèce a pour malheur de n’avoir rien à vendre que son ciel bleu et sa mer faute de production industrielle. Un député britannique proposait que, pour rembourser sa dette, la Grèce vendît quelques iles de la mer Egée ; d’autres ont suggéré de mettre le Parthénon à l’encan.
Mais on voit bien en lisant Voltaire et Xénophon que la Grèce a encore quelque chose à vendre : ses hommes. Qu’ils se fassent soldats pour guerroyer –  par exemple à la place des américains, eux qui ont les dollars nécessaires.
Le bénéfice serait que  non seulement cela rapporterait des devises bien nécessaires enrichir les banquiers qui détiennent de la dette grecque et éventuellement pour nourrir le pays ; mais encore, la guerre ayant pour coutume de faire des morts, cela ferait d’autant moins de bouches à nourrir.
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(1) Voltaire prend le mot « solde » au féminin (Solde : subst. fém : Somme d'argent versée à un militaire)
- et nous au masculin (Solde : subst. masc : excédent ou reliquat de marchandises, vendues au rabais)
--> La chalenge est de confondre les deux.

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