Et vous enfin, gastronomes de 1825, qui trouvez déjà la
satiété au sein de l'abondance, et rêvez des préparations nouvelles, vous ne
jouirez pas des découvertes que les sciences préparent pour l'an 1900, telles
que les esculences minérales, les liqueurs, résultat de la pression de cent
atmosphères; vous ne verrez pas les importations que des voyageurs qui ne sont
pas encore nés feront arriver de cette moitié du globe qui reste encore à
découvrir ou à explorer.
Que je vous plains!
Brillat-Savarin –
Physiologie du goût – Variétés XVII (1825)
Dans la série Les
inventeurs visionnaires – aujourd’hui : les esculences minérales.
Les esculences
minérales nous proposent de déguster la saveur succulente des roches ou des
minéraux. Ça peut paraitre étrange.
Evidemment, on peut critiquer mon choix : Brillat-Savarin
est tellement visionnaire que personne – pas plus aujourd’hui qu’en 1900 – n’a jamais inventé un procédé qui nous
permette de nous régaler en suçant des cailloux (1). Quant à extraire des
liqueurs sous haute pression, je n’en ai pas entendu parler.
Oui, mais – si nous ne les avons pas aujourd’hui, c’est
que nous ne les avons pas encore
découvertes. Qui dit que ces inventions n’auront pas été réalisées en 2100. Ou en
2200 ? « Au menu, un gratin de granit rose sous sa jonchée de rubis
et de brillants »… Hummmm ! C’est bon !
Si Brillat-Savarin convoque ainsi la science pour trouver
de nouvelles satisfactions à la gourmandise des gastronomes, ce n’est
évidemment pas tout à fait gratuit : le positivisme devait, quelques
années plus tard glorifier plus encore la science, porteuse de salut pour
l’humanité déficiente.
Par ailleurs, on peut noter qu’en 1825, la moitié du
globe reste encore à explorer. Brillat-Savarin imagine qu’elle doit regorger de
merveilleux produits au moins aussi savoureux que ceux que nous connaissons et
entièrement nouveaux, tels des fruits exotiques ou des viandes d’animaux
inconnus.
Mais pour l’essentiel, ce n’est pas seulement la
curiosité de nouveauté qui pousse Brillat-Savarin à plaindre les hommes de 1825
de ne pas connaitre les découvertes de 1900 – c’est le désir de jouissances
nouvelles.
En 1825, on a en effet de bonnes et succulentes
(esculentes) choses à manger. On en a même à satiété. Et c’est là le malheur.
La jouissance suppose l’insatisfaction, la rareté, le besoin inassouvi :
jouir, c’est rompre avec tout cela.
Bon. A ce compte, il n’est pas besoin d’inventer des mets
nouveaux. Il n’est que de réinventer la privation et le jeune, comme certains
qui font le Ramadan uniquement pour le plaisir de la rupture du jeune au
coucher du soleil.
Et nous, qu’attendons-nous pour réinventer le
Carême ?
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(1) C’est Molloy, le triste héros de Beckett qui suce des
cailloux, mais c’est uniquement pour tromper sa faim.
1 comment:
Développons les arômes, c'est en effet tout un art...
Une des versions de la soupe aux cailloux:
IL ETAIT UNE FOIS…
Une période de grande famine régnait à travers le pays. Chaque personne gardait jalousement le peu de denrée qu’elle pouvait trouver. Un jour, dans un petit village, arriva un soldat, demandant de l’aide pour préparer un repas. On lui dit « il n’y a rien à manger ici, tu ferais mieux de partir ! » le soldat répondit qu’il avait tout ce qu’il lui fallait pour faire une soupe aux cailloux, et qu’il aimerait la partager avec tous les villageois « tout ce dont j’ai besoin, c’est d’un chaudron »… interloqué et curieux, un homme lui apporta un chaudron. Le soldat commença pas y faire chauffer de l’eau et y ajouta quelques cailloux. « Hum, c’est délicieux, dit le soldat, si seulement il pouvait y en avoir pour tout le monde ! et quel dommage que nous n’ayons rien d’autre à mettre dedans…elle serait encore meilleure cette soupe ! » c’est alors qu’une petite fille arriva et lui tendit une carotte, puis, petit à petit, tout le village finit par venir apporter quelque chose à mettre dans la soupe : une pomme de terre, un navet, des épices, des haricots, des choux, des oignons… Le soldat la gouta et dit « Cette soupe est vraiment très réussie, et chacun de nous aura à manger, si seulement… si seulement on y apportait un peu de boeuf, elle serait digne d’un roi ! » et c’est alors qu’une vieille dame, apporta sa contribution, comme tous les villageois, avec un beau morceau de viande. « La soupe est prête ! » dit le soldat, et tout le village se réuni, ensemble, pour déguster cette soupe aux cailloux, un repas chaud et inespéré, pour chacun d’eux…
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L'été serait la meilleure période pour faire carême...
Bonne journée
F'(nseunio 113)
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