Thursday, July 05, 2012

Citation du 6 juillet 2012


Dans l'homme le plus méchant, il y a un pauvre cheval innocent qui peine.
Marcel Proust
Commentaire II
Voyez comme je suis : hier j’hésitais à livrer un commentaire de cette citation. Aujourd’hui j’en rajoute un second…
C’est que j’ai eu un remord après avoir mis un point final à mon Post d’hier : le pauvre cheval innocent, je ne pouvais pas ne pas en parler.
Tous les témoins des batailles d’autre fois le disent: l’étripement et la mort des chevaux de combats était un spectacle affligeant, parfois plus insoutenable encore que la mort des soldats.
Et cela non pas seulement parce que le cheval est un gros animal et que ses tripes répandues sur le sol sont plus voyantes que celles d’un homme. Mais aussi, c’est que le cheval est un pauvre cheval innocent ; qu’il n’a certes pas demandé à être là ; et que probablement la première chose qu’il ferait, si son cavalier venait à être désarçonné, c’est de fuir le combat.
Et nous, avons-nous une pensée pour les animaux que nous faisons souffrir pour notre avantage ? Leur innocence est-elle pour nous un cas de conscience ?
Bien sûr je ne pose pas cette question à la légère : la récente décision d’un  Tribunal californien d’interdire à la vente le foie gras en raison des souffrances du gavage imposé aux canards nous interpelle aujourd’hui. Les gastronomes, la serviette encore autour du cou se sont rués dans le bureau du Juge : « Votre Honneur, les canards ne souffrent absolument pas – pas du tout. » A quoi le Juge a répondu que ces gens n’avaient pas un gosier de canard pour en décider et que dans le doute il devait interdire.
On pourrait se dire que cette sensibilité à la souffrance animale est de la sensiblerie et qu’autrefois on était bien plus « pragmatique » : les animaux domestiques étaient des bestiaux auxquels on pouvait faire subir ce qu’on voulait.

Pas tout à fait : voyez cette image de la tour de la cathédrale de Laon : ces animaux cornus qui en couronnent le sommet, ce sont des bœufs. On leur a érigé ces statues en reconnaissance de leurs efforts pour hisser jusqu’en haut de la colline les pierres massives qui vont servir à construire l’édifice.



N.B. La Citation du Jour prend quelques jours de vacances. Rendez-vous jeudi prochain,12 juillet - si vous le voulez bien.

2 comments:

Anonymous said...

Normal de prendre des vacances à cette date pour un professeur ! :-)

A bientôt donc et profitez bien...

F'(Uencesq 50)

Anonymous said...

Les californiens s'émeuvent du sort des canards, mais pas de la peine de mort. Ils continuent à électrocuter, paralyser, asphyxier leurs criminels, (se hissant par là même à leur niveau d'horreur).
Nos révolutionnaires leur coupaient la tête. Plus rapides? Moins barbare? Hum...
Nous nous sommes éloignés de ces pratiques, et je ne compare pas ça au gavage. L'homme est omnivore, n'en déplaise aux "écolos" caricaturaux de tous poils (ou plumes?), ceux qui verraient bien l'éradication de la race humaine de la terre, afin que celle-ci puisse vivre tranquille...
Après vous, je vous en prie, passez les premiers!
Fi!
T.
PS: J'adore le foie gras, avec plus ou moins de modération...