Dieu est mort, mais l'homme n'est pas, pour
autant, devenu athée. Ce silence du transcendant, joint à la permanence du
besoin religieux chez l'homme moderne, voilà la grande affaire aujourd'hui
comme hier.
Jean-Paul
Sartre – Situations
Je profite de la proximité de la polémique
Onfray v. B. Stora à propos de l’expo
Camus d’Aix-en-Provence pour rappeler ce qu’il en était de sa position d’homme
révolté et du sentiment de l’absurde.
La position de Camus est assez bien résumée
ici par Sartre : Camus est l’homme qui sait que Dieu n’existe pas, mais
qui dit, comme Octave Mannoni : « Je sais bien… Mais quand même ! ». L’homme chez Camus ne
peut renoncer à la transcendance « verticale », celle qui se traduit
justement par un besoin de religiosité. Clamer devant le ciel vide que sans
Dieu le monde est absurde, voilà ce qui caractérise Camus – voilà ce qui fait
ricaner Sartre.
Toute transcendance n’est-elle donc pas
« verticale » ? Ne faut-il pas pour qu’il y ait du transcendant
que soit un Dieu, une Nation, ou une Histoire ?
Ce que Sartre pose, c’est précisément ce
qu’on appelle aujourd’hui la « transcendance horizontale », chère à
Luc Ferry (lire ici). Pour Sartre, rien n’est
écrit ni ce qu’il faut faire, ni ce qui sera. Seul le passé est écrit, mais il
est mort et nous n’en avons que faire – puisque nous sommes libres.
Camus réclame du sens et le monde ne répond
rien. C’est là que Sartre apparait : nous pouvons créer du sens, puisqu’il
n’existe rien de transcendant. En créant, nous transcendons ce qui est – même
si après nous tout s’effondrera peut-être. C’est simplement tant pis pour nous.
Mais au moins, nous aurons essayé.
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(1) « L’absurde est également là où
nous souhaiterions qu’il y ait du sens alors que seul le silence s’impose. »
Lire ici
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