Thursday, December 19, 2013

Citation du 20 décembre 2013


… tous étaient revenus de tout. Pourtant ils étaient durs et leur discipline était de fer. C’étaient des hommes de métier. Et le métier d’homme de guerre est une chose abominable et pleine de cicatrice, comme la poésie.
Cendrars – La Main coupée
Cendrars parle ici de la Légion étrangère, corps dans lequel il fut versé en 1914 quand, citoyen suisse, il s’est engagé volontaire dans l’armée française pour faire la guerre à l’Allemagne (ce que fit aussi Apollinaire).
Il évoque ses compagnons d’armes, faisant état de ce que les films d’Hollywood ont largement raconté : les pires délinquants deviennent des hommes de courage et de foi quand ils sont enrôlés comme soldats – et pas seulement dans la Légion étrangère. D’ailleurs cette dernière existe justement sur cette base : on fait confiance à la nouvelle recrue au point de ne même pas se soucier de son passé.
Cela est bien connu. Par contre on aura un sursaut en lisant le parallèle entre l’homme de guerre et le poète : le métier d’homme de guerre est une chose abominable et pleine de cicatrice, comme la poésie. C’est vrai qu’on dit à peu près tout ce qu’on veut du poète : comme personne ne sait exactement ce qu’est la poésie, on peut y aller hardiment – personne ne pourra vous démentir.
Selon Cendrars le poète apparait clairement comme celui qui a une vie particulière : on ne s’improvise pas poète ; on ne nait pas non plus poète. C’est que le poète est d’abord celui dont la vie a été remplie d’atrocités commises ou subies.
            - François Villon un voleur qui a fait on ne sait trop quoi, ce qui lui a valu le supplice de l’estrapade et la pendaison. (Voir ici)
            - Verlaine qui connut la prison pour avoir tiré au pistolet sur Rimbaud, son « époux infernal ».
            - Neruda exilé par Gonzales Videla puis persécuté par Pinochet – et mort peut-être empoisonné.
Et Blaise Cendrars ? La vie ne lui a pas réservé un destin tragique, mais il ne s’est rien épargné qui lui eut valu ce sort – sauf la délinquance.
Y aurait-il aujourd’hui encore d’autres Villon, d’autres Verlaine dans nos prisons ? Avant de hausser les épaules, il faudrait peut-être d’abord y aller pour vérifier.

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

e texte me fait pleurer que dire de plus que ce texte cela
fille d'un homme de la guerre.
fille qui peut à peu pénetre les arcanes de la poésie et les fissures , blessures qui s'y cache et que les mots rendent la lumière et enfin le partage avec les autres.

merci philopsophe de mon coeur d'être là pour soupoudrer de hauteurs ces fêtes 2013 et que vous soyez dans la joie du mystére de Noel. 2013