Un capitalisme sans faillite est comme un christianisme sans
enfer.
Frank
Borman / The Observer 9 mars 1986
Grexit –
1 – La faillite capitaliste c’est comme l’enfer pour les
chrétiens : l’enfer qui est là pour la punition des damnés et l’édification
des pécheurs.
2 – Le propre du capitalisme est de punir les mauvais
gestionnaires en les rendant responsables de leurs erreurs :
« - Toi, oui toi ! Tu es responsable, ta
faillite n’est pas le produit des autres, qu’ils soient tes concurrents ou tes
associés. Elle est ta faillite parce
que c’est toi qui l’as voulue – ou du moins permise. »
Ne reconnaissez-vous pas le discours adressé par l’Europe à
la Grèce ces jours-ci ? Ces grecs, ces pauvres grecs, ils souffrent parce
qu’ils l’ont bien voulu. Alors, certes, ce n’est pas eux qui ont truqués les
comptes publics ; ce n’est pas eux qui ont négocié les emprunts qu’ils ne
peuvent rembourser aujourd’hui. Mais enfin, et les impôts non payés ? Et
les taxes contournées ? Les tickets de caisse oubliés, les constructions
sans permis ? Et ces fonctionnaires parasites ? Tous coupables parce
que tous complices. Qu’ils payent ou qu’ils meurent ! Oui, ces enfants
sans lait maternisé, ces vieux sans médicaments, ces chômeurs sans
ressources : s’ils sont grecs, alors tant pis pour eux.
o-o-o
Alors là, ça coince. Qu’on prenne un exemple plus proche de
nous, là, sous nos yeux : voyez les autorités de Calais qui détruisent les
pauvres abris des réfugiés, on se dit que décidément, ça ne passe pas. Il y a
comme un instinct originaire qui remue en nous : c’est la pitié, dont Rousseau nous disait qu’elle
appartient à notre nature, mais que les raisonnements de la philosophie
parvenaient fort bien à l’étouffer.
Dans la grande opposition entre raison et sentiment, le
capitalisme se range du côté de la raison.
- Et toi, camarade : as-tu choisi ton camps ?
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Annexe – Sur le même thème
(= la pédagogie de la faillite), voyez ce texte :
« C'est à tort que l'on compare le capitalisme existant
à une situation purement idéale où n'existerait jamais d'erreur de gestion,
jamais de dissimulation comptable, jamais de faillite, jamais de licenciements,
jamais de baisse de valeur des actifs. Car l'erreur est humaine, elle est
nécessairement présente dans toute organisation sociale et elle est bien
souvent un élément essentiel de tout processus d'apprentissage. Ne poursuivons
donc pas la chimère d'un monde idéal sans problème, mais demandons-nous plutôt
quel est le système qui donne le plus de chances à tous de poursuivre
efficacement leurs propres objectifs. La réponse est simple : c'est le
capitalisme, car il repose plus que tout autre sur la discipline de la
responsabilité individuelle, parce que l'erreur y est sanctionnée et parce
qu'il incite à la création de connaissances (éventuellement à partir des leçons
tirées des erreurs). » Pascal Salin
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