Tuesday, July 21, 2015

Citation du 22 juillet 2015

Ce que tout homme d'une certaine nature, plutôt écartée que supérieure, garde avec le plus de vigilance, c'est le secret de son âme et des habitudes intimes de ses pensées. J'aime ce Dieu Harpocrate, son index sur sa bouche.
Maurice de Guérin Journal, lettres et poèmes – Edition 1865
Commentaire II
Commentant cette citation (le 18  juillet), j’écrivais « il est terrible de devoir garder un secret » car c’est un effort voué à l’échec de l’aveu. Mais voilà que Maurice de Guerin affirme qu’au contraire il y a au moins un secret qu’on ne livre jamais : c’est celui de notre âme et des habitudes intimes de ses pensées. C’est ce qu’on nomme le « for intérieur », celui qui produit en  nous bien des pensées que nous ne livrons effectivement jamais, quel qu’en soit la raison.
Oui, ces pensées demeurent secrètes, elles sont l’expression de l’intimité que nous ne consentons jamais à confier : l’idée d’en faire confidence n’est pas forcément insoutenable, mais elle est au moins incongrue. Et si jamais l’amour pénètre dans  notre âme, on le reconnaitrait à ce qu’il viole ce principe en faveur de notre bienaimée : elle seule peut jeter un regard sur ces tréfonds obscurs.

Quelles sont ces pensées ? Ce à quoi on songe le plus immédiatement, ce sont les fantasmes. D’ailleurs en confiant nos pensées intimes à notre bienaimée nous prenons le risque qu’elle se sauve en courant ! Mais il n’y a pas que ces images un peu choquantes ; il y a toutes ces pensées qui seraient inappropriées si nous les communiquions à l’extérieur, toutes ces représentations, jugements, sentiments qui prospèrent dans les replis de notre conscience et qui nous apportent un plaisir doux et confortable. Tout n’est pas forcément choquant en eux ; mais s’ils restent secrets c’est que nous ressentons qu’ils n’ont rien de commun avec le monde qui nous environne, qu’ils y paraitraient ennuyeux, décalés, sans intérêt pour les autres.


J’ai trouvé quelque part cette question : les fantasmes sont-ils nécessairement choquants ? Pour ma part, je crois que ce n’est pas nécessaire, mais qu’on ne peut pourtant les raconter valablement : ils restent secrets parce qu’il n’y a pas d’oreilles pour les écouter valablement.

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