Wednesday, July 08, 2015

Citation du 9 juillet 2015

Suicide de Judas ? Par remords ? Ou parce que trahir Dieu, ce n'était donc que cela ?
Marcel Arland – Carnets de Gilbert
La religion est ce qui permet de dominer le doute. Mais encore faut-il douter avant d’éprouver le bienfait de la confiance et de la foi. Tentons l’aventure.
Ainsi du suicide de Judas, raconté par Matthieu (27, 1-10 qu’on lira ici). Car ici, rien n’est opaque ni douteux, rien qui jette le trouble – sauf peut-être le fait que cet argent maudit (= les 30 deniers) soit consacré à l’achat de terre pour la sépulture des étrangers.

- Mais voici Marcel Arland. Et si, nous dit-il, Judas se suicidait par désespoir : trahir Dieu, ce n'était donc que cela ? Judas a voulu affronter Dieu, le défier en faisant que Son Fils soit mis à mort de façon ignominieuse. Il faudrait être Camus pour décrire le désespoir de cet homme qui, porté par une telle haine et une telle soif de Gloire, bombe le torse pour mieux s’exposer à la foudre divine – et s’aperçoit que rien ne se passe, que la crucifixion du Fils de Dieu n’est rien de plus qu’un fait divers, et que Jésus est mort en criant « Mon Dieu ! Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Doute inepte ! Toute l’histoire du christianisme est là pour le dissiper : le crucifixion est l’acte fondateur de la Nouvelle Alliance. Comment un tel événement pourrait-il reposer sur une illusion ? De plus il faudrait pour y céder refuser la foi en Dieu – en un Dieu juste ; en un Dieu d’amour. Cela seul pourrait expliquer son indifférence devant le supplice de Jésus.
Oui, c’est cela : quand Jésus est mort, la terre n’a pas tremblé – c’est un fait. Le ciel ne s’est pas déchiré, le tonnerre n’a pas retentit. Alors, il faut croire que Dieu existe, que Jésus est bien son Fils – mais que les actes des hommes lui indiffèrent totalement, un peu comme les Dieux d’Epicure qui ont bien autre chose à faire que de se préoccuper de l’humanité.
Il y a bien un Dieu. Mais nous sommes comme ces pauvres enfants abandonnés sur les marches de son église : seuls et sans protection.

Ah… vous frissonnez ! Alors, c’est que vous avez compris Judas.

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