Thursday, July 30, 2015

Citation du 31 juillet 2015

Il y aura toujours dans la foule un crétin qui, sous prétexte qu'il ne comprend pas, décrétera qu'il n'y a rien à comprendre.
Amélie Nothomb – Péplum (1996)
CRÉTINISME, subst. masc.
A. MÉD. État pathologique, caractérisé par une diminution ou une absence totale des facultés intellectuelles…
TLF

« C’est chiant ». Ça, c’est l’exclamation du crétin à qui on demande un peu de réflexion et quelques minutes d’attention – à supposer que ce ne soit pas au service de l’« entertainment » habituel.
C’est cette confiance aveugle dans leur ignorance qui assure aux crétins que leur bêtise est l’aune de la sagesse ; car, ce qui est crétinisme en solo devient sagesse collective. D’ailleurs cela ne nous surprendra pas : c’est comme ça que les « gourous » des sectes actuelles ont une influence suffisante pour prendre le contrôle des cerveaux : faire que la « vérité » ne soit rien d’autre que l’opinion infusée par eux dans la collectivité.
Mais il y a plus dans cette citation : l’idée est aussi que pour certains, l’ignorance n’existe pas. Tout ce qu’on ignore est en réalité erreur, ou plutôt question inappropriée. Du coup on a mille fois raison de s’en détourner en haussant les épaules. Vous vous doutez bien qu’en écrivant cela le prof de philo que j’ai été se réveille. La philo est en effet conçue par beaucoup comme l’art de poser des questions idiotes, des questions qui ne se posent pas et  - pire ! – de tordre les questions évidentes pour les rendre incompréhensibles. Et c’est un peu vrai : on le sait, le philosophe est un déménageur de questions ; mais une fois qu’il a fait cela, il se transforme en monteur de problématique, c’est à dire qu’il fabrique un système de questions. Il ne lui reste plus qu’à élaborer des concepts pour résoudre tout ça et à les organiser en système. Hop là !
Amélie Nothomb précise que ce refus de l’effort intellectuel conduit tout droit au crétinisme, c’est à dire à la déficience intellectuelle : je veux croire en effet que cette déficience n’est pas originelle et qu’elle résulte de ce mépris de la réflexion. Occasion de le rappeler : le cerveau a en commun avec les muscles de se développer – ou du moins de se conserver – par l’effort. C’est le refus de l’effort qui conduit à l’atrophie. Alors quand les séniors font des mots cachés pour entretenir leurs facultés cérébrales, ce qu’ils sauvent est proportionné à leur effort, c’est à dire pas grand chose. Mais ceux qui en veulent plus, n’ont qu’à faire de la philo ! Car en plus ils sauront répondre aux questions de Kant :
            - Que puis-je savoir ?
            - Que dois-je faire ?
            - Que m’est-il permis d’espérer ?
            - Qu’est-ce que l’homme ? (1)
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(1) Lire ici. Les petits facétieux qui affirment qu’il faut ajouter à cette liste « Dans quel état j’erre ? » et puis « Pourquoi elle veut pas cette s… ? » découvrirons ainsi qu’ils sont affectés de crétinisme.

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