Une des plus grandes erreurs est de croire nécessairement
faux ce qu'on ne comprend pas.
Gandhi
– Lettres à l'Ashram (1937)
Sous la plume de Gandhi, cette phrase signifie sans doute
qu’il faut être tolérant et que bien des vérités qui nous échappent n’en sont
pas moins vraies. Encore heureux si leur existence méconnue ne remet pas en
cause l’édifice de notre savoir (voir Post d’hier).
1 – On doit alors considérer cette intuition de la vérité qu’on
appelle l’évidence ne garantit nullement son existence : je peux croire
vrai ce qui est faux, ce qui nous arrive principalement en raison des préjugés
de l’enfance comme le soutient Descartes. Simplement, suivant Gandhi,
l’intuition erronée n’est pas seulement celle de la vérité mais aussi celle de
l’erreur ; admettons toutes fois qu’il s’agit de la même : ce que je
crois vrai rejette dans l’erreur toute autre affirmation qui lui serait
contraire. On devrait alors réécrire la règle cartésienne : « Ne
recevoir jamais aucune chose pour vraie
que je ne la connusse évidemment être telle »
(Disc. méth. 2ème partie), de la façon suivante : « Ne
recevoir jamais aucune chose pour fausse
que je ne la connusse évidemment être telle ».
2 – Du coup, la démonstration de l’erreur communément nommée
réduction à l’absurde (1), est une
démarche absolument recommandable et pas seulement en mathématique : faute
de pouvoir établir une démonstration directe, il nous reste à examiner les
conséquences de la vérité proposée pour vérifier qu’elles ne mènent pas à une
absurdité.
Ce faisant, on retrouve la tolérance prêchée par
Gandhi : au lieu de dire à votre contradicteur : « Tu as tort
parce que j’ai raison », vous lui dites : « Supposons que tu
aies raison, voyons quelles conséquences il s’ensuit. ». On peut supposer que
votre proposition sera bien mieux accueillie.
3 – Toutefois, si cette attitude assure la paix dans le
débat, il n’empêche que la charge de la preuve vous incombe. Si votre
contradicteur a tort, il faut lui monter que l’une des conséquences de son
principe conduit à une absurdité manifeste, ce qui n’est pas si simple.
J’ai un exemple qui vous fera réfléchir (si ce n’est déjà
fait) : il s’agit du revenu universel de base (pour la définition, voyez ici), dont la Finlande pourrait se doter. Supposez que vous vouliez dire que ce
revenu est une absurdité, comment ferez-vous ?
Vous direz qu’il est absurde parce qu’il va contre la
malédiction biblique « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton
front » ?
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(1) Les amateurs liront cet exposé dans les Premiers
analytiques d’Aristote ; les autre se contenteront de Wiki.
1 comment:
bonjour très cher Jean pierre Hammel,
je deguste votre citation du jour et la fin innattendu dans le propos mais nous devons être philosophe pour aller et imposer cela . Je vous suis et m'instruis un peu chaque fois.
en attendant bel été.
Je vous embrasse françoise dans le civile
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