Ce qui est terrible, ce n’est pas de souffrir ni de mourir,
mais de mourir en vain.
Jean-Paul
Sartre – Situations III
Héroïque sentence ! Bandez vos muscles tendez votre
volonté, affrontez le Grand Dragon ! Car sinon vous allez mourir en
vain ! Tous ces résistants qui devant le peloton d’exécution, ont pu crier : « Je meurs pour la
France ! »
… Hélas ! Sartre lui-même le dit : on est comme le
condamné qui attend son exécution avec l’intention de mourir héroïquement et
qui est fauché par le grippe espagnole.
Plus fondamentalement : avons-nous le pouvoir de donner
un sens à notre mort ? Oui, bien sûr, elle aura un sens du moins peut-on
l’espérer. En tout cas, on fera tout pour ça. Un sens ? Mais le
quel ? Pouvons nous le choisir ? Le maitriser ? Rien de ce qui a
un sens n’est étranger à l’action : ce que je fais c’est cela qui a un
sens. Mais, est-ce que mourir est une action ? Le suicide en est un cas.
--> Le sort du kamikaze également : lui au moins, il
sait pourquoi il meurt ! On remarquera que Sartre se désole non pas que la
mort nous échappe mais qu’elle soit vaine. Autrement dit qu’en projetant de
mourir volontairement, j’aie le projet de réaliser une grande action, et que
finalement ça rate. Par exemple, je suis un kamikaze islamiste. J’ai ma
ceinture d’explosif, j’approche de la Mosquée bondée d’apostats et je m’insinue
parmi eux. Au moment de faire tout péter, je me dis : pourvu que je ne
fasse pas cela en vain ! que ça fasse beaucoup de morts, que le triomphe
de la Vraie Religion en soit facilité !
Oui, c’est cela… Quoique… Et si notre kamikaze se disait
simplement : « Pourvu que les 72 Vierges d’Allah soient bien là, à
m’attendre dans Son Royaume ! »
Ça, ça pourrait rater.
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