On a beau ne rien attendre de lui, il déçoit toujours.
Attribué
à Arnaud Montebourg
Pour
les lecteurs francophones non français : Montebourg parle ici du Président
Hollande.
D’où vient qu’on puisse être déçu par un homme dont on
n’attend rien ? Il faudrait en effet pour en arriver là manquer à des
obligations absolument basiques de la part d’un homme : oublier d’enfiler
son pantalon en sortant de chez lui, arriver au bureau avec un cabas rempli de dossiers,
faire des bruits incongrus pendant une réunion.
Ce n’est de toute évidence pas de cela qu’il s’agit. Et si la
déception venait plutôt non de celui qui déçoit, mais de celui qui est
déçu ? Si on ne renonçait jamais tout à fait à voir en certains de nos
élus ceux qui arriveront bien – un jour… – à réaliser nos espoirs? S’il y avait en nous des
désirs qui nous disaient (comme le patient d’Octave Mannoni) : « Je
sais bien, mais quand même… » ? (1) Oui, n’est-ce pas, c’est sans
doute cela.
Reprenons alors : nous avons voté en 2012 pour un
candidat dont nous savions qu’il ne pouvait tenir les promesses mirobolantes
qu’il nous avait faites, telles que renégocier le pacte européen, conduire les
entreprises à relocaliser leurs usines, interdire aux banques d’exercer dans
des paradis fiscaux, etc… Si nous avons cru à de telles promesses, c’est parce
qu’il y a en nous une force qui impose le déni de la réalité. Maintenant
ajoutons encore un point qui me semble capital : cette évidence d’ordre
psychologique, tout le monde la connaît, et principalement les staffs des
futurs candidats qui sont en ce moment même entrain de plancher sur les
programmes des futurs candidats. A l’heure où j’écris, j’entends de partout des
sondages qui promettent des résultats mirobolants à des hommes qui paraissent
vouloir des réformes dignes de feus Reagan ou Thatcher. Ah bon ? On aurait
donc renoncé à nous cramponner à nos espoirs de vie repue de fric ? On
aurait accepté de voir notre pays devenir comme l’Amérique, comme l’Angleterre,
comme l’Allemagne, des pays riches peuplés de pauvres ?
Bien sûr que non ! Simplement ce qu’on va nous
« vendre » c’est l’idée que nous (nous qui allons voter
prochainement) nous aurons à élire un candidat qui aura enfin la capacité de
nous protéger (oui : nous qui lisons ces lignes).
Oui, le boulot harassant à 4 euros de l’heure, ce sera
seulement pour les autres !
… Ou sinon, bien que n’attendant rien du pouvoir, vous serez
quand même déçus…
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(1) «Un article célèbre d'Octave Mannoni, publié dans les
Clefs pour l'imaginaire, ayant pour titre «Je sais bien, mais quand même»,
indique précisément comment une croyance peut survivre au démenti de
l'expérience. » (Art. Wiki)
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