Monday, February 22, 2016

Citation du 23 février 2016

Travaillez, prenez de la peine : / C’est le fonds qui manque le moins.
La Fontaine – Le Laboureur et ses Enfants Livre V - Fable 9
C'est la mollesse et l'oisiveté qui rendent les peuples insolents et rebelles. [...] il ne faut permettre à chaque famille, dans chaque classe, de pouvoir posséder que l'étendue de terre absolument nécessaire pour nourrir le nombre de personnes dont elle sera composée
Fénelon, Les aventures de Télémaque, Livre X, 1699
(Lire le texte en annexe)
Voilà l’une des composante du mercantilisme : obliger les travailleurs à un labeur qui les occupe du matin au soir durant l’année entière. Un tel principe s’il est appliqué, doit assurer la moralité de la population (travail=occupation qui éloigne du vice) et il assure un surcroit de bénéfices qui rendent l’Etat prospère (1)
Et comment contraindre les paysans à produire plus ? En restreignant surface à cultiver, ce que l’Etat peut en effet obtenir. Autrement dit, La Fontaine a raison : le fonds qui manque le plus, c’est la terre, et celui qui manque le moins, c’est le labeur. Notons quand même que La Fontaine n’a pas conclu sa morale et disant : prenez vos fourches et allez occuper les terres de votre Seigneur.
Et aujourd’hui ? Nos paysans ont en poche un BTS d’agriculteurs, ils surfent sur le Net et prennent connaissance quotidiennement du cours du porc ou des grains. Ce qu’ils veulent ? C’est non seulement pouvoir vivre de leur travail (cela, même les agriculteurs de Fénelon le pouvaient), mais ils veulent toucher un salaire équitable, être payés sur les mêmes bases que les autres travailleurs du pays. Qu’il y ait un « agro-salaire » minimum strictement équivalent du SMIC : écoutez les manifestants sur leurs tracteurs : immanquablement ils donnent le nombre d’heure de travail et le montant des ressources qu’ils en tirent.
Nos agriculteurs refusent les privilèges, ils veulent l’égalité. Chose qui faisait horreur à l’époque de Fénelon. Mais enfin nos aïeux ont fait 89 à cause de ça !
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(1) « La plupart des théoriciens mercantilistes recommande un bas niveau de rémunération des travailleurs et des agriculteurs, lesquels sont censés pouvoir vivre d'un revenu proche du niveau de subsistance, afin de maximiser la production. Un revenu, du temps libre supplémentaire ou une meilleure éducation de ces populations ne pourraient que créer de la paresse et nuiraient à l'économie » (art. Mercantilisme de Wiki). Comme on le verra bientôt, le surplus de production ainsi assuré permettra les exportations nécessaires à l'enrichissement de l'Etat. 
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Annexe : « Les lois que nous venons d'établir pour l'agriculture rendront leur vie laborieuse ; et, dans leur abondance, ils n'auront que le nécessaire, parce que nous retrancherons tous les arts qui fournissent le superflu. Cette abondance même sera diminuée par la facilité des mariages et par la grande multiplication des familles. Chaque famille, étant nombreuse et ayant peu de terre, aura besoin de la cultiver par un travail sans relâche. C'est la mollesse et l'oisiveté qui rendent les peuples insolents et rebelles. [...] il ne faut permettre à chaque famille, dans chaque classe, de pouvoir posséder que l'étendue de terre absolument nécessaire pour nourrir le nombre de personnes dont elle sera composée. [...] tous auront des terres, mais chacun en aura fort peu, et sera excité par là à la bien cultiver. » - Fénelon, Les aventures de Télémaque, Livre X, 1699 (Lire ici)

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

merci jean pierre de ce billet . Oui . je ne palabrerai pas sur votre billet il est parfait il parle il cause ....

et très bientôt mon très cher jean pierre, je vous embrasse.