On a deux
vies, et la deuxième commence quand on se rend compte qu'on n'en a qu'une.
Confucius (Cité par Laurent Fabius)
Alors, c’est
vrai : les citations de Confucius ne sont souvent que des décorations pour
faire joli dans une péroraison (ou dans les pages d’un agenda). Quand à savoir
ce qu’elles disent, qu’importe ? C’est à celui qui admire le nom si
brillant du grand sage de le rechercher.
Mais avouons
quand même que cette citation est bien trouvée. Qui donc n’a pas un jour eu le
sentiment qu’une autre vie l’attendait, derrière la banalité du
quotidien ? Qui donc n’a pas désespéré en constatant que cet horizon se
dérobait devant lui ? Et donc, comment accepter l’idée que la vie – notre
vie – commence au berceau et finisse au tombeau, entendez qu’elle soit faite
d’une seule et unique trame ? Et pourtant, vivre réellement – c’est
à dire dans le réel et non dans le rêve – c’est admettre que telle est bien la
vérité. Une seule vie, qui doit faire un seul tout.
Mais alors, ce
« tout » : que faut-il faire pour l’atteindre ? Se dire
qu’il n’y a rien à faire parce qu’on y est déjà ? Renoncer à nos rêves
d’adolescents et considérer que tous les changements que l’on va introduire
dans notre vie ne seront que des rééditions d’épisodes déjà vécus ? Ce
destin assumé va alors guider nos entreprises devenues conscientes de leurs
limites et de leurs orientations : « Tu es né intouchable, tu dois
l’accepter et vivre dignement cette vie qui t’a été assignée. »
Seulement,
voilà : que faire des ruptures qui ont transformé notre vie ? Que
faire de nos jeunes années ? Des années d’errance, du temps gâché ? Ou
bien un lent apprentissage de notre destin, au cours du quel nous avons peu à
peu dégagé, à travers nos conquêtes et nos erreurs, la nature qui est définitivement la
notre ?
« Cette main, sur mes traits qu’elle rêve
effleurer, / Distraitement docile à quelque fin profonde, / Attend de ma
faiblesse une larme qui fonde, / Et que de mes destins lentement divisé, / Le
plus pur en silence éclaire un cœur brisé. » murmure la Jeune Parque…
Ces ruptures ne
sont alors que les impasses grâce auxquelles nous sommes parvenus à comprendre
et à apprécier notre existence jusque dans ses étapes ultimes : comme
Laurent Fabius qui après avoir été premier ministre, et puis avoir échoué à
devenir Président, s’estime heureux de finir Président du conseil
constitutionnel. On dira que cet exemple est trop extraordinaire pour nous
servir. Alors pensons à Candide : comment comprendre que se contenter de
cultiver son jardin soit un idéal de vie si l’on n’a pas d’abord vécu toutes
les horreurs que la guerre lui a imposées ?
1 comment:
Hi there,
(excusez mon anglicisme conformiste aux temps modernes, je suis de ma génération et pas d'une autre lol)
Voici pour mon grain de sel du jour :
https://guerirborderlineetdepression.blogspot.com/2017/08/guerir-de-la-nostalgie-de-lailleurs.html
Bien à vous
Amitiés
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