C’est
terrible d’allonger la vie en prolongeant seulement la vieillesse.
Professeur Choron – Tout s’éclaire !
On entend
fréquemment que l’espérance de vie des français a augmenté : aujourd’hui
elle serait de 79 ans pour un homme et de 85 ans pour une femme. Entendez pour
l’un et l’autre qui nait aujourd’hui ; car si cette femme a 60 ans aujourd’hui,
son espérance de vie n’est que de 77 ans et un homme qui a 60 peut espérer
déguster son pastis jusqu’à 73 ans
Bref :
comme on le voit tout dépend de l’âge qui est le vôtre aujourd’hui. Mais ce
n’est pas sur cela que nous interpelle le Professeur Choron. C’est plutôt sur
cette évidence : pourquoi les années de vie gagnées seraient celles de la
vieillesse et non celles de la jeunesse ?
J’entends
bien que depuis très longtemps, la plupart des êtres humains ont vécu assez
pour arriver à l’âge adulte, mais que tous n’ont pas eu l’espoir, comme les
héros bibliques, de voir éclore la troisième génération de leurs descendants
(1). Mais je constate aussi qu’alors même qu’on se lamente sur l’allongement du
temps de vie des retraités, on ne dit rien de l’allongement du temps d’études
des jeunes générations. Or, il ne s’agit pas seulement de savoir si les métiers
d’aujourd’hui requièrent plus de temps d’apprentissage qu’avant ; il
s’agit aussi de dire que, si on doit vivre 75 ans plutôt que 60, alors on peut
passer plus de temps avant de prendre un emploi, ne serait-ce que pour étudier
et se former.
… Et pourquoi
pas plus de temps pour étant jeune
bambocher ? Ou pour forniquer ? Ou pour rêver dans son lit le
matin ? Car enfin, qui donc serait heureux de s’entendre dire : vous
allez vivre 10 ans de plus – mais attention : ce seront 10 années de
rhumatismes, de chimiothérapie et de dépendance ; cotisez à une assurance
dépendance, et pour cela travaillez plus fort, parce que ça va vous couter très
cher ! Si on veut nous faire travailler plus tard, histoire de ne pas
peser trop longtemps sur les caisses de retraites, au moins qu’on nous permette
aussi d’entrer dans la carrière quand nos ainés n’y seront plus – c’est à dire
moins jeunes qu’aujourd’hui.
« Citoyens! Aux armes! / Aux pépées, Citoyens!
A l'Amour, Citoyens! » Léo Ferré – Il n’y a plus rien
(rassurez-vous : ce n’est que le titre de sa chanson !)
---------------------------------
(1) Sur la
longévité mythique des personnages bibliques cf. ici
No comments:
Post a Comment