Si les choses que Dieu produit immédiatement étaient faites
pour atteindre la fin que Dieu se propose, il s'ensuivrait que celles que Dieu
produit les dernières seraient les plus parfaites de toutes, les autres ayant
été faites en vue de celles-ci.
Spinoza
– Ethique appendice du livre 1
Dans sa critique du finalisme (= tout ce qui existe possède une
fonction et existe en vue d’un but) Spinoza condamne également l’évolutionnisme
parce qu’il suppose le finalisme : par exemple, les états successifs de l’Univers
iraient du moins parfait au plus parfait ce qui suppose qu’Il ait créé autrefois
comme un brouillon de ce qui est aujourd’hui, ce qui contredit au principe selon
le quel un être parfait ne peut créer quelque
des choses également parfaites (1).
A l’encontre de cet évolutionnisme, Spinoza considère que tout ce qui
existe est aussi parfait que possible ; appliqué à l’évolution des
espèces, cela signifie que tout dans la nature est parfait à sa façon, c’est à
dire conforme au milieu dans le quel il vit et ce n'est pas contradictoire avec ce qu'aujourd’hui nous pensons
avec Darwin. Nous disons en effet que, si le monde change, alors les espèces
vivantes doivent changer également pour s’y adapter. Ainsi de l’être
humain : nous savons qu’il a évolué dans le temps et qu’il a eu des formes
très différentes de ce qu’il est devenu aujourd’hui. Certains y ont vu la
confirmation de la supériorité de la race blanche, supposée d’apparition récente,
sur les races de couleur supposées primitives – c’est exactement sur ces
bases-là que les doctrines racistes du 19ème siècle ont fonctionné.
Mais comme Spinoza on peut aussi dire que chaque espèce a eu
sa perfection, qu’elle a eu sa place dans la nature au moment où elle existait
parce qu’elle lui était adaptée : les homo-habilis n’auraient surement pas
survécus sans cela. Et d’ailleurs nous-mêmes, homo sapiens, serions-nous
capables avec notre corps grêle surmonté
d’une grosse tête de vaincre l’ours des cavernes ?
Et puis, si on déplore « notre
corps grêle surmonté d’une grosse tête » – si on considère que
l’humanité dégénère, que nos jeunes générations courent moins vite qu’avant et
qu’elles trimbalent plus de graisse : considérons que pour triturer un
écran de Smartphone, il suffit de ne pas avoir de trop gros doigts. Relisons ce poème prophétique d’Raymond Queneau :
Moi
jmégris du bout des douas
Oui
du bout des douas
Oui
du bout des douas
Moi
jmégris du bout des douas
Seskilya
dplus diatingié
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(1) Dans l’hypothèse de la création en 7 jours telle que
décrite dans la genèse: selon le finalisme Dieu en créant le monde, aurait créé
et le monde tel qu’il était il y a 13
milliards d’années et ce qu’il doit à
terme devenir, étant entendu que cet état final doit être supérieur à l’état
initial. C’est la thèse de Leibniz
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