Saturday, April 02, 2016

Citation du 3 avril 2016

Si les choses que Dieu produit immédiatement étaient faites pour atteindre la fin que Dieu se propose, il s'ensuivrait que celles que Dieu produit les dernières seraient les plus parfaites de toutes, les autres ayant été faites en vue de celles-ci.
Spinoza – Ethique appendice du livre 1
Dans sa critique du finalisme (= tout ce qui existe possède une fonction et existe en vue d’un but) Spinoza condamne également l’évolutionnisme parce qu’il suppose le finalisme : par exemple, les états successifs de l’Univers iraient du moins parfait au plus parfait ce qui suppose qu’Il ait créé autrefois comme un brouillon de ce qui est aujourd’hui, ce qui contredit au principe selon le quel un être parfait ne peut créer quelque  des choses également parfaites (1).
A l’encontre de cet évolutionnisme, Spinoza considère que tout ce qui existe est aussi parfait que possible ; appliqué à l’évolution des espèces, cela signifie que tout dans la nature est parfait à sa façon, c’est à dire conforme au milieu dans le quel il vit et ce n'est pas contradictoire avec ce qu'aujourd’hui nous pensons avec Darwin. Nous disons en effet que, si le monde change, alors les espèces vivantes doivent changer également pour s’y adapter. Ainsi de l’être humain : nous savons qu’il a évolué dans le temps et qu’il a eu des formes très différentes de ce qu’il est devenu aujourd’hui. Certains y ont vu la confirmation de la supériorité de la race blanche, supposée d’apparition récente, sur les races de couleur supposées primitives – c’est exactement sur ces bases-là que les doctrines racistes du 19ème siècle ont fonctionné.

Mais comme Spinoza on peut aussi dire que chaque espèce a eu sa perfection, qu’elle a eu sa place dans la nature au moment où elle existait parce qu’elle lui était adaptée : les homo-habilis n’auraient surement pas survécus sans cela. Et d’ailleurs nous-mêmes, homo sapiens, serions-nous capables avec  notre corps grêle surmonté d’une grosse tête de vaincre l’ours des cavernes ?
Et puis, si on déplore « notre corps grêle surmonté d’une grosse tête » – si on considère que l’humanité dégénère, que nos jeunes générations courent moins vite qu’avant et qu’elles trimbalent plus de graisse : considérons que pour triturer un écran de Smartphone, il suffit de ne pas avoir de trop gros doigts. Relisons ce poème prophétique d’Raymond Queneau :
Moi jmégris du bout des douas
Oui du bout des douas
Oui du bout des douas
Moi jmégris du bout des douas
Seskilya dplus diatingié
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(1) Dans l’hypothèse de la création en 7 jours telle que décrite dans la genèse: selon le finalisme Dieu en créant le monde, aurait créé et le monde tel qu’il était il y a 13 milliards d’années et ce qu’il doit à terme devenir, étant entendu que cet état final doit être supérieur à l’état initial. C’est la thèse de Leibniz

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