Nous comprenons la Nature en lui résistant.
Bachelard
– La formation de l'esprit scientifique
/Grâce aux sciences mécaniques/ nous deviendrons comme
maitres et possesseurs de la nature.
Descartes
– Discours de la méthode
L’humanité ne progresse qu’en allant d’un extrême à l’autre
de ses possibilités : d’un côté elle contemple la nature ; de l’autre
elle la transforme. Soit Aristote avec ses sciences théorétiques qui
observent sans jamais toucher à quoique ce soit ; soit Descartes qui veut
connaitre les lois de la physique pour mieux agir sur la nature en se
substituant au Dieu qui l’a produite.
Nous avons dit que l’humanité ne progressait qu’en allant
d’un de ces pôles à l’autre : pourquoi ?
- Parce qu’il faut forcer la nature, ou du moins le
tenter : c’est en cherchant à empêcher un phénomène de se produire qu’on
peut le mieux comprendre les forces qui agissent sur lui.
Reprenons l’exemple de la lutte contre les bactéries dont
nous parlions hier : après avoir découvert les antibiotiques, nous
découvrons aujourd’hui qu’il y a des bactéries qui se sont
« immunisées » contre leur action. A nous de trouver la parade pour
aller contre ce processus tout à fait naturel. Car c’est bien la sélection
naturelle a fait prospérer ces microbes qui résistent aux antibiotiques ;
et c’est la même chose à tous les niveaux, depuis que la vie existe et que des
organismes s’y reproduisent.
- Mais au lieu de « forcer » la nature, on peut à
l’inverse laisser un processus se dérouler sans intervenir, afin d’observer les
« parades » qu’elle a préparées dans les organismes, et qu’on
empêcherait de se manifester en nous substituant à eux. Par exemple et toujours
à propos des maladies infectieuses, certaines populations possèdent des
caractéristiques génétiques résistantes à ces maladies qui sont fatales aux
autres (ce fut sûrement le cas de la peste – on sait que c’est le cas du sida).
On croit savoir que l’humanité a failli disparaître dans des grandes
catastrophes qui n’auraient laissés vivants que quelques dizaine de milliers
d’hommes : on est en droit de supposer qu’ils étaient génétiquement
prédisposés à résister à une peste particulièrement radicale.
Nous sommes en ce moment un peu sur le chemin qui conduit au
premier versant : respectons la nature parce qu’autrement nous allons la
saccager. Le savoir est-il responsable des folies qu’il permet de
réaliser ? De nos jours, seuls les franc maçons le pensent encore.
Devrions-nous revenir aux doctrines ésotériques ?
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