Les femmes fidèles sont toutes les
mêmes, elles ne pensent qu’à leur fidélité et jamais à leur mari.
Jean
Giraudoux – Amphitryon 38
Il y a beaucoup plus qu’une vacherie misogyne
dans cette brève.
- D’abord, comment une femme
peut-t-elle penser à son mari ?
On devine qu’il s’agit selon Giraudoux des coquineries qui stimulent le mâle,
de certaines attitudes coquettes, de certains préliminaires qu’on imaginera
facilement.
- Du coup, on suppose que la femme
fidèle ne pratique pas ce genre de choses, qu’elle n’y pense même pas, voire
même qu’elle s’y refuse absolument. On disait à l’époque de Giraudoux qu’il y
avait des femmes qu’on payait pour faire ça.
- Et l’homme dans cette affaire ?
Lui, c’est plus compliqué : il voudrait une femme fidèle, c’est à dire
vertueuse avec les autres, et pourtant cochonne avec lui. Pur fantasme !
On sait que le bourgeois qui était un honnête mari et qui avait des sous allait
voir les prostituées ; quand aux autres ils ne se gênaient pas pour forcer
la vertu de leur épouse – la quelle subissait en priant Dieu de bien vouloir
porter ce sacrifice à leur crédit.
Ces propos restent bien sûr
exclusivement phallocrates : car on suppose que les femmes qui ne pensent
pas à leur mari (ou plus simplement à la
libido de leur mari) sont des femmes
égoïstes. Et pourquoi une femme ne pourrait pas à la fois penser à elle-même et
à « ça-qui-chatouille » leur mari ? Pourquoi une femme ne
pourrait elle pas dire à son mari : « Chéri, je sors en boite avec
mes copines ; on va sûrement un peu picoler et un peu frotter, mais ne crains rien : c’est
à ton bonheur que je penserai en rentrant. Et tu sais pourquoi? Parce que,
quand je suis heureuse, je le suis encore plus quand je sais que tu l’es
également. »
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