Nous ne
traitons pas les morts comme des déchets de la nature, mais comme des ancêtres.
Paul Ricœur – Dialogue sur l’histoire et
l’imaginaire social
Le tombeau
des héros est le cœur des vivants.
Malraux – Oraison funèbre de jeanne d’Arc
Un petit
détour ce matin par le domaine des modes de sépultures. Quand je dis
« mode », il faudrait presque prendre cela au sens courant : il devenu
« à la mode » de faire incinérer les morts et, en dernier geste
d’affection, de lui offrir un « épandage » de ses cendres dans un
lieu particulier, choisi par le défunt ou par ses familiers. Autrement dit, on ne lui donne pas un tombeau
marqué à son nom et inviolable, mais on ne laisse pas non plus son urne
funéraire trainer sur la voirie : n’oublions pas en effet le scandale
lorsqu’on trouve dans un vide grenier une urne vendue comme vase pour mettre
des fleurs et qui contient encore les cendres du grand-père !
Mais là où la
citation de Ricœur nous laisse sceptiques, c’est quand il parle de poids des ancêtres
dans l’attitude de respect envers les morts. Selon lui, cette attitude suppose
un culte des ancêtres, la croyance en leur survie propice à la descendance de
leur famille, dans l’au-delà d’où ils veillent sur les vivants – les quels
doivent donc leur rendre un culte, au moins en allant s’incliner sur leur tombe
une fois par an.
Que le corps,
entendu comme dépouille post mortem, soit l’objet de soins attentifs comme le
suppose Ricœur demande donc une petite vérification. Si nous ne faisons plus
très attention à ce que devient le corps du défunt après la séparation d’avec
le monde des vivants, c’est sans doute parce que nous sommes de plus en plus
matérialistes : qui donc lève les yeux au ciel, pour invoquer l’âme du
« cher-disparu-qui-nous-voit-de-là-haut » ? Le cher-disparu a en
effet tiré sa révérence du monde qui est le notre et il n’y en a pas d’autres
où il puisse se trouver. Si nous le cherchons, c’est dans notre cœur que nous
le trouverons, où il est resté bien au chaud, dans les tendres souvenirs que nous
gardons le lui – et quand au reste rien ne subsiste. Autrement dit, et comme le
dit Malraux :
Ô Jeanne, sans sépulture et sans portrait,
toi qui savais que le tombeau des héros est le coeur des vivants !
Malraux - Mémorial de Jeanne d'Arc Place du Vieux marché à Rouen.
1 comment:
elevé dans deux tradition le ciulte des ancêtres je posséde ce rituel et combien necessaire dans la vie pour maintenair de actes pôsés sur des progénitures...
merci de ce beau billet qui me parle vivantement
Tendrement votre Amie jean Pierre.
Post a Comment