Yvan Audouard – Pensées
provisoirement définitives
Descartes aurait dû recevoir le prix de l’humour pour son fameux
cogito. Combien d’« humoristes » (sic) se sont fait applaudir pour des jeux de mots sur son « je
pense, donc je suis » (décliné en je scie, j’essuie… j’en
passe et des pires). Balivernes qui pourtant soulignent le rôle fondateur, dans
la représentation populaire de la philosophie, joué par la vérité première du
cartésianisme.
Alors, certes Yvan Audouard aurait dû lire Descartes avant
de parler : car c’est précisément sur le caractère « formel » de
la découverte du cogito que Descartes insiste. Au fond dit-il, je sais que
j’existe, mais je ne sais pas ce que
je suis pour autant, à part une chose qui pense.
- Mais tout de même notre écrivain journaliste n’a pas si
mal vu le problème… du lecteur. En témoigne l’objection faite par Hobbes :
« Car ce raisonnement ne me semble pas bien déduit, de dire : je
suis pensant ; donc je suis une pensée ; ou bien je suis intelligent, donc je suis un entendement.
Car de la même façon je pourrais dire : je suis promenant, donc je
suis une promenade. »
S’agit-il d’humour british ? Descartes ne le pense pas,
du moins il répond très sérieusement : « …il n’y a point ici de
convenance entre la promenade et la pensée, parce que la promenade n’est jamais
prise autrement que pour l’action même, alors que la pensée se prend
quelquefois pour l’action, quelquefois pour la faculté, et quelquefois pour la
chose en laquelle réside cette faculté. »
Donc, même si je pense que je me promène, ça ne veut pas
dire que je me promène vraiment (puisque je peux tout aussi bien être entrain
de rêver que je me promène). Ça veut dire qu’il existe une pensée de la
promenade qui est ma pensée, et non celle de qui on voudra.
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