Amoureux goûtent les lèvres sur l'arbre du sourire.
Charles
de Leusse
Ah… Dire que le baiser vient se poser sur des lèvres qui
sourient, quelle belle formule !
Suggérer que le baiser est comme l’abeille qui se pose sur
la fleur, c’est une image rafraichissante.
Mais d’où ce pouvoir vient-il au sourire ? Comment
exerce-t-il cette attraction, lui qui ne demande rien, qui éclot comme le
bourgeon qui s’ouvre, libérant ce qu’il contenait, feuilles ou fleur. C’est
cela n’est-ce pas ? Le sourire est une émanation de l’être qui s’ouvre à
l’existence, qui n’a besoin de personne pour être. Mais le baiser alors ? Par quoi est-il attiré ? Est-il comme l’abeille qui vient prendre le nectar de la
fleur avant d’aller butiner plus loin ? Baiser voleur plutôt que baisé
volé ?
Peut-être, mais aussi peut-être pas. Le sourire appelle le
sourire (1), l’innocence appelle l’innocence – innocence du baiser, ce baiser
qu’on dépose sur les lèvres de l’amie qu’on retrouve ou sur la joue d’un enfant
qui sommeille.
Maintenant, n’oublions pas que notre auteur-du-jour nous parle des
amoureux et de leurs baisers qui goûtent l’autre comme on goûte un met précieux
– en très petite quantité pour mieux le savourer. Ces baisers amoureux sont
solidaires d’un amour encore fusionnel, un amour qui découvre l’autre comme on
se découvrirait soi-même, comme la Belle-au-bois-dormant qui s’éveille d’un
long sommeil et qui redécouvre son corps. Le baiser du Prince Charmant est
alors une révélation, il n’est pas là pour prendre mais pour donner : « Oui
ma Princesse, tu souriais dans ton sommeil, rayonnante de beauté, et mon baiser
s’est posé sur tes lèvres comme sur l’arbre aux sourires. »
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(1) Alain – Les passions et la sagesse (lire ici)
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