Mais si l'on a manqué sa vie
/ On songe avec un peu d'envie /
A tous ces bonheurs entrevus / Aux
baisers qu'on n'osa pas prendre / Aux
cœurs qui doivent vous attendre / Aux
yeux qu'on n'a jamais revus
Antoine
Pol – Les passantes – Mis en musique par G. Brassens.
Ce poème d’Antoine Pol composé en 1917, mis en musique par
Brassens, repris par Maxime le Forestier (à écouter ici), mais aussi par
Francis Cabrel et même Iggy Popp, assure aujourd’hui encore la notoriété de son
auteur. Sans doute la nostalgie de ces rencontres furtives et pourtant
chargées d’émotions trouve-t-elle son échos dans notre cœur. Qui donc n’a pas le
souvenir d’un visage entrevu et dont pourtant, des années après on peut encore retrouver
l’image dans notre mémoire ? Comme cette jeune inconnue dans le train,
abandonnée dans son sommeil et dont la beauté nous a sidéré.
Alors, on dit « nostalgie »,
et on verse une larme : on voudrait que ce passé ait duré une vie entière.
Moi je prétends que bien au contraire on ici la preuve que la « furtivité » de ces rencontres
« effleurantes » est la
condition même de ces émotions qui nous sont du plus grand prix. D’ailleurs
chacun sait que la beauté d’un corps et la force d’une personnalité ne sont
souvent qu’une facette d’un tout et qu’elles n’ont souvent de valeur que grâce
à la dissimulation de tout le reste. Voilà un jeune fille qui vous a
charmé : vous la voyez dans la grâce de son réveil, son jeune corps
cambré à peine voilé par le drap : une passante d’une nuit… Retrouvez-là
donc ce soir après une journée de travail et de cavalcade dans le métro :
elle n’est plus une passante, mais c’est vous qui passerez votre chemin.
On va me critiquer : « Abandonnez vite votre
conquête avant d’en être dégouté ! » Quel cynisme !
C’est vrai et je fais amende honorable : les Passantes
de la chanson ne sont pas des conquêtes, elle ne sont que des conquêtes rêvées. Et c’est pour cela qu’elles
sont si belles.
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