Wednesday, May 11, 2016

Citation du 12 mai 2016

Mais si l'on a manqué sa vie  / On songe avec un peu d'envie  / A tous ces bonheurs entrevus  / Aux baisers qu'on n'osa pas prendre  / Aux cœurs qui doivent vous attendre  / Aux yeux qu'on n'a jamais revus
Antoine Pol – Les passantes – Mis en musique par G. Brassens.
Ce poème d’Antoine Pol composé en 1917, mis en musique par Brassens, repris par Maxime le Forestier (à écouter ici), mais aussi par Francis Cabrel et même Iggy Popp, assure aujourd’hui encore la notoriété de son auteur. Sans doute la nostalgie de ces rencontres furtives et pourtant chargées d’émotions trouve-t-elle son échos dans notre cœur. Qui donc n’a pas le souvenir d’un visage entrevu et dont pourtant, des années après on peut encore retrouver l’image dans notre mémoire ? Comme cette jeune inconnue dans le train, abandonnée dans son sommeil et dont la beauté nous a sidéré.
Alors, on dit « nostalgie », et on verse une larme : on voudrait que ce passé ait duré une vie entière. Moi je prétends que bien au contraire on ici la preuve que la «  furtivité » de ces rencontres « effleurantes » est la condition même de ces émotions qui nous sont du plus grand prix. D’ailleurs chacun sait que la beauté d’un corps et la force d’une personnalité ne sont souvent qu’une facette d’un tout et qu’elles n’ont souvent de valeur que grâce à la dissimulation de tout le reste. Voilà un jeune fille qui vous a charmé : vous la voyez dans la grâce de son réveil, son jeune corps cambré à peine voilé par le drap : une passante d’une nuit… Retrouvez-là donc ce soir après une journée de travail et de cavalcade dans le métro : elle n’est plus une passante, mais c’est vous qui passerez votre chemin.
On va me critiquer : « Abandonnez vite votre conquête avant d’en être dégouté ! » Quel cynisme !

C’est vrai et je fais amende honorable : les Passantes de la chanson ne sont pas des conquêtes, elle ne sont que des conquêtes rêvées. Et c’est pour cela qu’elles sont si belles.

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