Le vaisseau de Thésée était une galère à trente rames, que
les Athéniens conservèrent. Ils en ôtaient les vieilles pièces, à mesure
qu'elles se gâtaient, et les remplaçaient par des neuves. Les philosophes
soutiennent les uns que c'était toujours le même, les autres que c'était un
vaisseau différent.
Plutarque
- La vie de Thésée, 23
On a polémiqué récemment à propos des ruines de Palmyre,
dynamitées par Daech et qu’on se propose de reconstituer aujourd’hui : car,
dit-on, on ne reconstruit pas des ruines.
Qui édifie des ruines ? Le temps, qui par une usure
différentielle effondre ici, conserve là, patine le tout. On pourrait
aujourd’hui reconstruire le Parthénon, et de fait on le fait quand on empile
des fûts de pierre pour réédifier une colonne tombée à terre. On pourrait aussi
refaire la frise des Panathénées : on rassemble les morceaux dispersés
dans les musées du monde ; on ressort des carrières le marbre utilisé à
l’époque et on les sculpte : on en a conservé un dessin assez précis
datant du 19ème siècle. Cela paraît impossible ? Pas tant que
cela : les grandes cathédrales gothiques dévastées par les guerres du 20ème
siècle ont retrouvé voutes et statues fabriquées de neuf.
La
cathédrale de Rouen : à gauche en 1944 – à droite en 2016 (cliché J-P Hamel)
Bien sûr les motifs qui justifient ces reconstruction sont
plutôt économiques : les touristes viendraient-ils pour contempler des
ruines noircies? Mais soyons honnêtes : qui donc protesterait si on
reconstruisant Palmyre ?
No comments:
Post a Comment