Saturday, May 14, 2016

Citation du 15 mai 2016

Je suis sûr que Beethoven et Rembrandt se disaient : "Oh, zut ! J'aurais pu faire mieux !"
Woody Allen – Interview de … mai 2016
« De notre envoyé spécial à New York, François Forestier » nouvelobs.com

Woody Allen semble dire : « Si des génies tels que Beethoven et Rembrandt ne réussissent pas à produire une œuvre parfaite, alors n’allez pas me reprocher à moi pauvre Woody, de ne pas y être parvenu. Suivant leur exemple, je vais mettre en chantier une nouvelle œuvre pour réussir ce que je viens de manquer ».
La remarque de Woody Allen est sûrement valable, sinon avec ces génies, du moins avec d’autres : combien de poètes, de romanciers ou de peintres ont remanié constamment  leurs œuvres – à moins qu’ils n’en aient fait une autre en espérant mieux réussir. Haydn a composé 105 symphonies ; Scarlatti a écrit 555 sonates ; Woody Allen présente à Cannes son 46ème film.

Sommes-nous d’accord avec Woody Allen ? Qu’est-ce que la perfection dans le domaine artistique ? Pouvons-nous penser que cette merveilleuse phrase musicale qui envahit notre âme et paraît la remplir pourrait être considérée comme imparfaite et comme une simple étape dans la réalisation d’une œuvre inachevée ?


J-S Bach, Jesus bleibet meine Freude (Cantate 147) A écouter ici

Qui donc est le mieux placé pour évaluer une œuvre ? Son créateur ou le spectateur ? Peut-être que la question de la valeur de la création n’existe que pour le spectateur de l’œuvre et qu’elle n’existe pas pour son créateur ; satisfait ou insatisfait, peut-être que celui qui crée se détourne de ce qu’il vient de produire : « Passons à autre chose » ?
Que fit le Seigneur-Dieu au 8ème jour de la création ? Qu’est-ce qui nous dit qu’il ne fit pas un autre monde, abandonnant celui qu’il venait d’achever parce qu’il ne lui convenait pas ?
En tout cas, Woody Allen qui n’est ni Beethoven, ni Rembrandt et encore moins le seigneur-Dieu, déclare : « j'ai réalisé que je ne pouvais pas juger mes films. Je laisse ce soin aux autres. »
La comparaison avec l’enfantement est tentante : l’embryon pousse obscurément dans l’opacité de la matrice, et puis il s’en expulse comme ça, un jour, sans demander l’autorisation à personne. Ce qu’il vaut ne dépend pas de ses géniteurs, du moins pas de leur habileté ni de leur génie. L’éducateur passe son temps à rattraper le coup si c’est raté, à peaufiner le résultat s’il est prometteur. Hé bien, certains artiste sont comme ça : leur œuvre est comme cet enfant. Une fois lancée dans le monde, ils s’en détournent et mettent une toile vierge sur le chevalet : « Passons à autre chose »

C’est bien ce que l’on fait avec certains moments de notre vie ?

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