Je suis sûr
que Beethoven et Rembrandt se disaient : "Oh, zut ! J'aurais pu faire
mieux !"
Woody Allen – Interview de … mai 2016
« De notre envoyé spécial à New
York, François Forestier » nouvelobs.com
Woody Allen
semble dire : « Si des génies tels que Beethoven et Rembrandt ne
réussissent pas à produire une œuvre parfaite, alors n’allez pas me reprocher à
moi pauvre Woody, de ne pas y être parvenu. Suivant leur exemple, je vais
mettre en chantier une nouvelle œuvre pour réussir ce que je viens de
manquer ».
La remarque
de Woody Allen est sûrement valable, sinon avec ces génies, du moins avec
d’autres : combien de poètes, de romanciers ou de peintres ont remanié
constamment leurs œuvres – à moins qu’ils n’en aient fait une autre en
espérant mieux réussir. Haydn a composé 105 symphonies ; Scarlatti a écrit
555 sonates ; Woody Allen présente à Cannes son 46ème film.
Sommes-nous
d’accord avec Woody Allen ? Qu’est-ce que la perfection dans le domaine
artistique ? Pouvons-nous penser que cette merveilleuse phrase musicale
qui envahit notre âme et paraît la remplir pourrait être considérée comme
imparfaite et comme une simple étape dans la réalisation d’une œuvre
inachevée ?
J-S Bach, Jesus bleibet meine Freude
(Cantate 147) A écouter ici
Qui donc est
le mieux placé pour évaluer une œuvre ? Son créateur ou le
spectateur ? Peut-être que la question de la valeur de la création n’existe
que pour le spectateur de l’œuvre et qu’elle n’existe pas pour son créateur ;
satisfait ou insatisfait, peut-être que celui qui crée se détourne de ce qu’il
vient de produire : « Passons à autre chose » ?
Que fit le
Seigneur-Dieu au 8ème jour de la création ? Qu’est-ce qui nous
dit qu’il ne fit pas un autre monde, abandonnant celui qu’il venait d’achever
parce qu’il ne lui convenait pas ?
En tout cas,
Woody Allen qui n’est ni Beethoven, ni Rembrandt et encore moins le
seigneur-Dieu, déclare : « j'ai
réalisé que je ne pouvais pas juger mes films. Je laisse ce soin aux
autres. »
La
comparaison avec l’enfantement est tentante : l’embryon pousse obscurément
dans l’opacité de la matrice, et puis il s’en expulse comme ça, un jour, sans
demander l’autorisation à personne. Ce qu’il vaut ne dépend pas de ses géniteurs,
du moins pas de leur habileté ni de leur génie. L’éducateur passe son temps à
rattraper le coup si c’est raté, à peaufiner le résultat s’il est prometteur.
Hé bien, certains artiste sont comme ça : leur œuvre est comme cet enfant.
Une fois lancée dans le monde, ils s’en détournent et mettent une toile vierge
sur le chevalet : « Passons à autre chose »
C’est bien ce
que l’on fait avec certains moments de notre vie ?
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