Monday, May 30, 2016

Citation du 31 mai 2016

Moi, j’aime quand je suis toute seule avec ma maman. Mais il faut des papas aussi : ils ont des petites boules sous le zizi pour faire des enfants.
Caroline – 3 ans. (Le prénom a été changé)
Interview « fêtes des mères » sur France Inter

Une remarque si charmante n’a pas pu être inventée par une enfant de trois ans : il faut bien que quelqu’un lui ait dit ça – peut-être justement pour contrer ce désir d’effacer tous ceux qui s’intercaleraient entre cette petite et sa maman chérie. Reste que ça dit encore pas mal de choses, à commencer par l’idée que les hommes sont faits pour la reproduction et que là pourrait (= devrait ?) s’arrêter leur fonction.
Je laisse intentionnellement la psychanalyse et son explication par la femme-castrée, parce qu’il faut selon moi prendre cette affirmation au ras de la conscience : tout comme les femmes apparaissent à certains hommes comme des machines à baiser et à perpétuer le lignage, l’homme apparait à certaines femmes comme  le moyen de mettre au monde des enfants – et de les protéger.
A partir de là, l’idée intéressante est que l’humanité devrait ne comporter qu’un seul sexe – masculin ou féminin, peu importe. D’ailleurs il s’en est fallu de peu puisque le Seigneur n’avait pas prévu autre chose et que s’il a été obligé de créer Eve, c’est parce qu’Adam, ce lourdaud, n’arrivait pas à se débrouiller tout seul. Du coup n’est-ce pas le narcissisme qui parle ici ? On explique parfois l’homosexualité par le désir d’étreindre sa propre image, mieux que Narcisse qui ne l’a cherchée que dans le reflet de la fontaine. On peut dire ainsi que les « mecs » qui s’agglutinent sur le canapé devant le foot en buvant des bières et en rotant bruyamment adoptent un comportement de meute pour éjecter les femmes, indésirables trouble-fêtes de cette virilité.
Mais les femmes aussi ont leurs fêtes entre copines, et puis leurs secrets de femmes, aussi éventés que ceux de la Maçonnerie, disposés comme remparts autour d’un domaine où elles sont sûres de pouvoir être plus femmes parce qu’entre femmes.
--> Eh bien voilà l’Euro de foot : les hommes dans les fan-zones ; les filles au restaurant entre copines, et tout le monde sera content. Généralisons ça ! 
Ah… Si seulement on pouvait faire comme si l’autre sexe n’existait pas ! Si seulement les grecs n’avaient pas inventé Eros, ce dieu qui n’engendre pas mais qui force à s’accoupler avec l’être différent !

Quoique : Jean-Pierre Vernant présente Eros comme le principe qui « rend manifeste la dualité, la multiplicité incluse dans l'unité » (lire ici). Vous m’avez compris les mecs : vous avez de la gonzesse au fond des tripes. Et vous mesdames, de la virilité éructantes au bord du cœur.

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