La prétendue
supériorité de l'homme sur la femme et la despotique autorité qu'il s'arroge
sur elle ont la même origine que la domination de la noblesse.
Gracchus Babeuf (1760-1797)
Avec Babeuf,
nous sommes à la fin du 18ème siècle, en pleine révolution. Les députés
de l’Assemblée Constituante écrivent les lois d’où sortiront les principes que
la France va répandre sur la terre entière : les Droits de l’homme !
Et voilà que
des femmes se lèvent pour dire : « Citoyens, si vous voulez que
l’Egalité et la démocratie triomphent, vous devez accorder aux femmes les
droits que la nature leur a donnés à la naissance, ceux que les hommes
réclament pour eux mêmes ». Olympe de Gouges publie la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne :
la guillotine tranche le débat. (1)
Plus de deux
siècles ont passé ; dans nombre de pays les femmes sont devenues
citoyennes à part entière ; elles gouvernent des Etats et des entreprises
capitalistes ; elles maitrisent leur fécondité ; elles choisissent
librement leurs partenaires masculins. Bref : elles jouissent des droits
dont la nature les a dotées.
Et
pourtant : aujourd’hui encore, dans des pays civilisés des femmes sont
victimes de harcèlement sexuel dont les hommes se rendent coupables à leur
égard. Elles accusent les hommes de les considérer comme des objets – objets de
jouissance, objets qu’ils peuvent manipuler, prendre ou laisser selon leur bon plaisir. A quoi ont
donc servi deux siècles de luttes pour la liberté de choisir, pour la
reconnaissance de l’égale dignité des hommes et des femmes, pour la mise à
l’écart de la violence sexuelle ?
Oui, Babeuf
avait raison : les hommes qui usent des femmes comme l’étalon use de la
jument utilisent non pas un droit mais un fait
de nature : celui que la force
donne sur le plus faible. Comme le seigneur d’autrefois pouvait abuser des
paysans, le mâle d’aujourd’hui prétend au droit de forcer la femme à des
faveurs sexuelles.
Il y a des
tendances que l’éducation ne saurait détruire, tout juste peut-elle les
juguler : il en va ainsi de l’appât du gain et de la jouissance sexuelle.
C’est pour cela qu’il y a encore aujourd’hui des paradis fiscaux et, dans les officines politiques, des
couloirs sombres mal fréquentés
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(1) Lire ici.
A noter qu’Olympe de Gouges ne croyait pas à l’égalité hommes/femmes :
selon elle, la femme était par nature
supérieure à l’homme. Ajoutons qu’il s’agit toujours d’un droit de nature, et
non d’un principe abstrait du droit.
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