Friday, May 27, 2016

Citation du 28 mai 2016

Le passé n’est pas passé – Il n’est même pas dépassé.
            Anonyme (probablement issu d’un sujet de dissertation de philo)
Le temps est la croix du philosophe, parce qu’il doit, selon son programme, dire quel est son mode d’existence. Ce qui, concernant le passé, est particulièrement agaçant puisqu’il faut déjà savoir quelles sont ses limites : qu’est-ce qui appartient au passé et qu’est-ce qui ne lui appartient pas ?
Même si on s’en tient à cette approche, on sent combien le passé historique comporte de points d’accroche irritants pour nos consciences qu’on croit engagées complétement dans l’actualité. Qu’on prenne l’exemple de la guerre d’Algérie ou même celui de l’occupation allemande, on peut constater que pour certains l’horloge s’est arrêtée au moment du  8 mai 1945 ou aux accords d’Evian (18 mars 1962). Ce passé n’est pas passé parce que rien n’a été résolu : ni le renoncement à l’Algérie française, ni la nostalgie du temps du Maréchal.


Wolinski – Vu ici
Nous aurions donc deux obligations symétriques et contradictoires vis à vis du passé : d'une part le devoir de mémoire et d'autre part l’obligation de tourner la page, c’est à dire d’oublier. Et ni l’une ni l’autre de ces contraintes ne parait réalisable – ni même légitime.
Je laisse de côté le devoir de mémoire, qui mêle de façon bancale la morale et la psychologie : les discours de nos dirigeants sont là pour détailler le programme ! Mais c’est la même chose avec l’obligation de continuer à vivre aux côtés de nos concitoyens qui n’ont pas respecté les mêmes valeurs que nous : les blessures des conflits passés ont besoin de soins pour se refermer et il n’est pas du tout sûr que le temps puisse le faire. On peut le vérifier avec les trahisons amoureuses : on survit certes ; mais on n’oublie jamais. Et dans l’histoire, il faut faire comme si rien ne s’était passé, reprendre la vie courante avec le boucher collabo ou avec l’arabe-du-coin qui fut FLN – et aussi avec le FN maréchaliste.

Or pour que le passé se referme et laisse libre passage au flux du présent, il faudrait le pardon c’est à dire un peu de sagesse – ou d’amour. Et ça, on ne peut pas dire que tout le monde en ait.

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