Au lieu de pleurer sur les ruines de leurs chaumières, ils
se battront pour défendre leurs bordels.
Commentaire
de Sade – Adresse aux français – La philosophie dans le boudoir (Cf. Post du
7/11/2013)
Entendez-vous dans les campagnes / Mugir ces féroces soldats
? / Ils viennent jusque dans vos bras / Égorger vos fils, vos compagnes / Aux
armes, citoyens !
Rouget
de Lisle – La marseillaise
Après Olympe de Gouges (hier), donnons (aujourd’hui) la
parole à l’autre partie : Sade et son « Adresse aux français » de 1795, dans la quelle il demande aux
Constituants de libéraliser les lois sur la prostitution, permettant aux filles
et aux femmes de se prostituer « librement ». Je laisserai de côté
cet oxymore insupportable qui lie la liberté à la prostitution et je ne
retiendrai que l’aspect politique : cette liberté des vices est bénéfique
à la société où elle est accordée. Un peu comme l’envie et la jalousie étaient
des ressorts utiles à tous dans la fable des abeilles, la luxure et l’orgie donnent aux citoyens selon Sade plus de
forces pour lutter contre les ennemis qui menacent le pays.
- Le citoyen de Sade n’est pas un philosophe ; il ne
raisonne pas pour arbitrer entre ses projets et le bien public. Non : le
citoyen de Sade est un impulsif, son corps est parcouru par les molécules
furieuses que la nature a mises dans ses veines – et il agit d’autant plus
énergiquement qu’elles sont d’avantage agitées.
- Rouget de Lisle quant à lui nous décrit dans la Marseillaise le citoyen-soldat se
battant pour défendre sa famille menacée par les soudards ennemis. Certes les
couplets suivants nous le montreront défendant les lumières de la raison et la
liberté ; mais pour le moment, dans ce premier couplet, il s’arme pour
défendre sa famille. Or, voici que Sade met un bémol à cet enthousiasme :
il s’armerait bien mieux s’il fallait défendre ses bordels et les catins qui
lui font mille gâteries que sa compagne lui refuse. Plus de nobles
sentiments ; plus de principes héroïques ; rien que les basses
pulsions, celles que l’humanité partage avec les animaux. Car ce sont elles qui
sont les plus fortes, elles, qui donneront le plus d’ardeur au combat. Quand
des mercenaires arrivent devant une ville qu’il faut prendre d’assaut, la
promesse du pillage et du viol est le meilleur excitant au combat.
Voilà le message de Sade. Faut-il lui demander de réécrire
notre Hymne National ? Qu’en pensent nos ministres que Cupidon taquine ?
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