Le vrai Citoyen préfère l'avantage général à son avantage.
Gracchus
Babeuf
Cette affirmation est une évidence, elle constitue la
condition de possibilité de la citoyenneté. Supposons en effet que la liberté
publique et le droit de vote soient accordés à tous les citoyens : quel
régime aurait-on si chacun ne votait que pour ceux qui lui sont favorables en
tant qu’individu ?
Invraisemblable ? Heu… Attendez un peu. Lorsque
j’entends les discours de certains hommes politiques j’entends quand même un
peu ça : « Les français d’abord ! Laissez crever les pauvres
hères qui gémissent à vos frontières et occupez-vous de votre bien être. Comme
Donald Trump, faites construire un mur qui sépare les riches des pauvres,
débrouillez-vous pour être du bon côté, et voilà tout. Soyez égoïste à
plusieurs, vous serez plus fort. Surtout si vous me suivez – votez pour
moi ! »
Mais alors, qu’est-ce que ça veut dire « Le vrai Citoyen préfère l'avantage général à
son avantage. » ? En quoi cela constituerait-il, comme on le
hasardait plus haut « la condition
de possibilité de la citoyenneté » ? Serait-ce le seul moyen de
faire-société avec autrui ? En fait, c’est exactement l’inverse qui se
passe : que chacun retrouve dans la collectivité ses propres envies et plus de moyens pour les réaliser, voilà quelle « noble aspiration »
anime en réalité le citoyen.
Précisons un peu l’idée. On dit « Le vrai Citoyen préfère
l'avantage général à son avantage. » Autrement dit, si la collectivité considère qu’il est souhaitable de financer un nouveau
Grand Stade plutôt qu’une salle de concert symphonique (et l'orchestre qui va avec), je dois en effet
préférer cette orientation et remettre à plus tard mon rêve de bel canto. Dur…
Quoique : de toutes façon, préférer les émotions du
sport ou bien celles de la culture, quelle différence ? On vient de le dire, l’essentiel
est ailleurs : dans les deux cas, la démocratie est considérée plutôt
comme une somme d’égoïsmes : Tout
pour ma pomme, voilà mon credo. Que je ne puisse y parvenir qu’en agissant
avec d’autres qui suivent exactement le même principe, voilà l’alpha et l’oméga
de la politique.
Oui, l’égoïsme à plusieurs est le contenu des programmes
politiques ; la démocratie consiste à donner satisfaction aux égoïstes les
plus nombreux.
Heureusement, il nous
reste Rousseau qui est encore au programme des lycées.
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