Aujourd’hui le genre de la dystopie semble avoir conquis
une part importante du marché éditorial destiné aux adolescents et aux jeunes
adultes.
Blog
« Carnet du Monde du livre » –
Université Aix-Marseille
Au cœur de cette dystopie
d’un monde en perdition, entre menaces sur l’environnement, désastres
économiques et complots politiques, Wallace trace un tableau sinistre des
failles d’une société […]
Michel Schneider, Foster Wallace est-il lisible
? – Le Point n°2 242, 27 août 2015
Dystopie : genre littéraire opposé à l’utopie ;
il met en avant une société imaginaire basée sur les craintes humaines. On peut
citer comme source : Le meilleur des
mondes d’Aldous Huxley (1932), 1984
de George Orwell (1949), ou encore Ravage
de René Barjavel (1943).
Voilà un mot qui sonne
curieusement à nos oreilles – Certes, il paraît à la fois étranger, trop savant
(du moins compte tenu de notre niveau d’éducation), mais en même temps
séduisant parce qu’il classe ceux qui l’emploient dans la catégorie des gens
cultivés. Mais en plus son usage ne nous paraît exclusivement pédant, car il
est certainement également judicieux.
Détaillons :
- Il y a des mots comme obsolescence, procrastination,
ou chafouin – et donc maintenant dystopie – qui accèdent d'un coup à la
célébrité. Peut-être, comme ces mots qu’on vient de citer, s’agit-il de termes
tombés en désuétude et qu’on ressort comme ça, rien que pour faire le malin (1) ;
à moins qu’on les imagine néologismes chargés de signifier une idée qui surgit
comme une nouveauté à mettre en relief.
- Oui, n’est-ce pas, c’est
sans doute cela qui opère avec les dystopies,
comme d’ailleurs les utopies, souvent proposées comme rêveries mais qui sont en
réalité une description cruelle et lucide du présent (2). Les dystopies sont
bel et bien une ouverture sur notre présent tout juste lié à un proche avenir.
Ainsi des romans qui nous présentent des Survivants de l’espèce humaine, dans
une planète dévastée, soit par un conflit nucléaire, soit par les ravages de
son exploitation humaine. La dystopie est une distanciation par rapport à la
réalité, un peu comme la mise en scène théâtrale pour Brecht, pour créer une
rupture avec la vision du quotidien, mais cette rupture est la condition de la
prise de conscience de la corruption qui gagne notre monde.
L’erreur à ne pas commettre
serait de croire que la littérature fantastique est là pour nous reposer du
réalisme, pour nous faire oublier les soucis du quotidien. C’est comme on le
voit exactement le contraire.
------------------------
(1) Mito, gruger, l’argot des Quartiers
ressort parfois ces mots devenus bizarres et pourtant très courants dans le
passé.
(2) Telles le « Meilleur
des mondes » ou « 1984 ».
No comments:
Post a Comment