Nous savons
si peu ce que nous faisons en ce monde que je doute même si le doute est
vraiment l'action de douter.
Lord Byron / Don Juan
« J’ai des doutes » disait Raymond
Devos dans un de ses sketches mémorables (Vidéo ici).
Bien sûr le
doute de Devos n’avait pas lieu d’être puisqu’il était évident que sa femme le
trompait avec son meilleur ami ; mais à la différence de notre humoriste,
Lord Byron affirme qu’on devrait remplacer le doute par un aveu d’ignorance.
C’est qu’en
effet le doute est une position intermédiaire entre certitude et ignorance, le moment où la
balance du savoir est en exact équilibre entre ces deux extrêmes, les plateaux
oscillant sans cesse entre pencher d’un coté et puis de l’autre. Byron
démystifie le doute : pour lui l’action de douter ne se borne pas à
produire le doute lui-même, car elle nous engage dans l’illusion qu’on pourra savoir ce qu’on fait sur terre – et même qu’on le saura un jour… tout au fond de nous, ce doute ne
résulte pas d’une incertitude, car il n’est en réalité qu’un effort pour rester
dans l’espérance que quelque chose viendra un jour pour nous révéler ce qui se
cache derrière le rideau.
Byron
laisse entendre qu'avec un peu de courage, on délaisserait le confortable écran du doute, et on
pourrait alors arriver à une certitude : celle que rien ne nous est caché, parce que derrière le rideau, il n'y a rien. Car si vraiment rien ne vient me dire
pourquoi je suis sur terre, ne devrais-je pas conclure que mon existence est
absurde – entendez sans aucune justification – et que ma disparition ne
changera rien du tout.
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